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Quand je serai grande, je serai influenceuse

Le 26/01/2020

Influenceurs


On se situe dans l'ère où des gens sont devenus "famous" en se prenant en vidéo avec un vieil appareil qui dépassait même pas 12 mégapixels, quand les go pro étaient encore considérées comme des objets futuristes révolutionnaires et non accessibles aux petits budgets, ou seulement comme cadeau de Noël grâce au chèque de mamie.

Aujourd'hui auto-entrepreneurs, ils font toutes sortes de réal', montages, itv, on pourrait quasi dire qu'ils font de la télé en enregistrant des vidéos IGTV (d'ailleurs ils finissent bien souvent chez Hanouna) à l'aide de leurs iPhone X et d'un stabilisateur. On est sur un concept complètement dingue de personnes qui galéraient un mercredi après-midi, et au lieu de jouer aux Sim's, ont appuyé sur le bouton REC et commencé à déblatérer plein d'inepties, à se maquiller, se déguiser, pousser la chansonnette et à mettre ça sur le net pour faire triper les potos. C'est parti d'un truc anodin et aujourd'hui la génération Z fait plus de 200 000 vues sur Youtube, est suivie par un nombre d'abonnés qui représente bien souvent une (voire plusieurs) ville(s) entière(s).

Je vous signale que ces gens-là écrivent leur biographie (et je parle pas de celle de 140 caractères située en haut de leur profil) à moins de 30 ans (vous avez le droit de rire), publient des livres sans avoir jamais lu Zola, ni connaître leur conjugaison. Ils se baladent aux quatre coins du monde comme d'autres vont au travail, sponsorisés par des marques qui essaient de faire ce pour quoi elles existent : de l'argent.

On se situe donc dans l'ère où l'important n'est ni ce que l'on dit (fond), ni ce que l'on fait (actes), mais où l'on se doit d'être vus et de faire des vues (look my food, my clothes, my flat, my shopping, my friends, my holidays, my bf, my routine, my make up, my mood, my haircut, my brands, my LIFE). En soi, je trouve ça prodigieux, faire de la tune avec du vent : des selfies quotidiens, des stories pour raconter la sortie du jour, montrer son nouveau pyjama Undiz, la photo du Uber avec le petit code promo de -15%, la photo du poke bowl du déjeuner, du cocktail du bar place to be, le partenariat pour te faire gagner un iphone ou un séjour en Corse, avec pose sur le jet-ski ou vidéo bouée tractée.

Pas besoin de réflexion, de culture, de grand discours, pas besoin de trimer, de tuer, de coucher ou de voler et arriver à un genre de sommet (des "influenceurs" ?), c'est assez fascinant on ne va pas se mentir. Mais ce qui est inquiétant c'est qu'on (oui nous, qui regardons ces stories/vidéos, suivons ces comptes, likons et reproduisons) surfe sur la culture du vide, ok peut-être sur un soupçon artistique aussi ? Mais y-a-t-il vraiment du fond, des références, des trucs dont on se rappellera dans 50 ans et qui auront vraiment impacté voire amélioré le monde ?

Je vais aller prendre un selfie pour oublier.

#Justwondering #2020 #WhataCentury #GenerationKylieJenner #Nostalgiedelaprofondeur #Sociétéduvide

Les orthorexiques, ces gens à abattre !

Le 02/12/2018

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C’est drôle comme aujourd’hui on juge plus quelqu’un qui aime manger sainement que quelqu’un qui aime manger gras, sucré salé, génétiquement modifié. Il faudrait rêver de se rouler dans le Nutella, la crème fraîche et la mousse au chocolat, aller chez Burger K, do Mac, et dire « allez-vous faire » à tous ceux qui mangent des Special K (le dernier des produits sains by the way). Les vegan deviennent les personnes à abattre, contre lesquelles les bouchers portent plainte et les végétariens : des bobos pro-bio hippies psychorigides (mais ça, ça a toujours été). On n’a plus envie de les inviter, trop compliqué pour cuisiner, quelle galère d’adapter le menu à tous ces régimes spéciaux : les anti-lactose, anti-viande, sans gluten, flexivores, ces moutons chez lesquels le moindre lavage de cerveau Doctissimo fait effet, qui pensent un peu trop à la planète. Connards de green peaçois.

Si je ne faisais pas attention à ce que je mange, j’emmerderais ceux qui ne font pas comme moi.

J’essaierais de les faire consommer à outrance, je leur dirais "non mais quand même, qu’est-ce qui tourne pas rond chez toi pour pas accepter du chocolat Milka", qu’est-ce que c’est que ces conneries de vouloir arrêter le sucre, les féculents, les additifs, les colorants, ces jolis ingrédients scientifiques qui donnent du goût à nos aliments. "Enfin voyons, Contrex, Taillefine et Weight Wetchers sont aussi des lobbys. La dernière fois, je me suis fait une soirée pizza en buvant de la Contrex, ben tu penses que j’avais perdu 1 gramme le lendemain ?", "Puis tu crois vraiment que ta peau est plus belle depuis que t’as arrêté le lait ?", "Ouais enfin tu sais aujourd’hui si on écoute tout ce qu'on dit, on mange plus rien, parce que tout est cancérigène".

 

À ceux qui veulent faire une diète avant Noël, je répondrais : "mais profite, un kilo de plus, c’est un peu plus de toi ! C’est dans ta tête tout ça. Regarde, moi, j’ai un peu de gras et je vis très bien avec ! Prendre une taille en plus, c’est pas la fin du monde ! Tu prendras l'ascenseur à la place des escaliers, c'est tout". Aux végétariens, j’affirmerais qu’on peut manger les lapins et les chevaux, parce que c’est bon, mais attention, le chien et le chat, ce serait de la triche (salauds d’asiat'), un scandale, parce que quand même, ce sont nos meilleurs amis. Que les porcs aillent crever à l’abattoir, ce ne sont que des porcs après tout et le saucisson c’est trop bon. Et puis les chevaux, ils rapportent pas suffisamment aux paris dans les hippodromes, alors autant s’en faire un bon steak et si vous n'êtes pas contents, achetez-vous des peluches !
 

Je considérerais les OGM comme des légendes vénézuéliennes, et penserais que le soja et le tofu sont pour les gens qui cherchent un but à leur existence, une cause à défendre et qui veulent se faire remarquer. D’ailleurs, c’est bien connu, les gens qui aiment les légumes n’ont pas de papilles, ce sont des control freak dégénérés qui se privent par mazochisme. Quand je verrais une assiette colorée à côté de moi à la cantine, ou quelqu’un manger du fromage blanc aux flocons d’avoine au petit dej, je me dirais que cette personne a une vie bien triste et que franchement, elle doit être sacrément frustrée, complexée ou les deux. D’ailleurs, je lui poserais la question en trempant mon pain à la chocolatine dans mon actimel supplément lactose : "mais didonc, ça t’ennuie pas de manger tous les jours la même chose ? Ah ouais parce que moi vraiment ton dej, ça me donne pas du tout envie, je sais pas comment tu fais pour manger ça". Comme j’aurais la science infuse de la bonne bouffe, ben franchement ça me paraîtrait peu ragoutant de la voir se mutiler culinairement chaque jour. À force, quand je descendrais m'empiffrer à la cafét, je lui jetterais un petit regard emprunt de dédain ou de pitié, j'hésite encore, et je lui dirais "bon ben de toute façon je te propose paaaas hein", la laissant à ses trucs de personne-qui-fait-attention.
A midi, au secours haricots, courgettes, carottes et brocolis, je prendrais un bon gras steak frites ketchup mayo ou pâtes carbo double supplément gruyère, selon la petite faim, et je zyeuterais la salade composée de ma voisine en me disant, didonc celle-là qu’est-ce qu’elle se fait chier avec sa poêlée de légumes d'été, elle doit vraiment avoir une vie de merde.

 

2018 les gars, et même plutôt les filles, si t’as pas les fesses de Kim K t’as wallou. Le twin gap est so 2011, maintenant il faut exposer sans filtres sa cellulite et ses vergetures, accepter d'être "la meilleure version de soi-même" et renier tous ces gens qui ont une morphologie 0, entretenue, contrôlée, surveillée ou héréditairement favorable.
Je grignoterais toute la journée, me plaindrais quand même pas mal des kilos accumulés chaque année et accuserais cette société de consommation qui ne fait rien pour nous aider. "Mais de toute façon, on va tous mourir de quelque chose hein, que ce soit ça ou la clope". Je me moquerais de ces gens qui ne connaissent pas les bonheurs simples de la vie, autrement dit ces gens qui ne boulotent pas entre les repas, ne sont pas chauds pour s’enfiler un pot de Ben&Jerry’s ou se faire une razzia pizza. Ces nanas qui connaissent le nombre de calories dans une clémentine, teeeellement à plaindre !

 

Je ne ferais aucun sport et détesterais le moindre joggeur, athlète, footballeur et autre individu qui n’a rien à faire d’autre qu’aller maltraiter son corps dans un marathon, une salle ou un gym-nazes. Parce qu’à ce stade, c’est plus du bien-être. Je mépriserais les gens qui font du fitness, du yoga, des abdos ou autres activités physiques, qui me sembleraient, bien entendu, superficielles. Ces gens sans réelle passion, obsédés par le culte de leur corps, qui feraient mieux de foutre leur balance à la poubelle et de nous lâcher avec leur « balance of life » aussi.
Ces perfectionnistes qui savourent leurs repas par procuration jusqu’au moment du cheat day, cheat meal, cheat-à-ta-perfection-ouais, qui entraîne déchéance, débauche et orgies alimentaires. Ces prosélytes de l’esprit-sain-dans-un-corps-sain qui s’intéressent plus à ce qu’il y a dans leurs assiettes que dans celles de leurs voisins. Ces snobs à part, beaucoup trop centrés sur leur bien-être.
Thé matcha, guarana, graines de chia, oméga 3 seraient pour moi les antibiotiques de ces individus atteints de troubles obsessionnels. Hashtag #healthy #détox (kiss my) #fit #ass. J’aurais tant de peine pour cette partie de la population qui raffole des lentilles, pamplemousses et autres fruits riches en vitaquoi déjà ?

 

Moi être suprême, librement empoisonné, admirable et fier de me pourrir [entre nourrir et pourrir, il n'y a qu'une lettre mais un grand écart en termes de valeurs nutritionnelles] de l'intérieur jusqu'à en contaminer mon âme (encore un truc de psychorigides qui font de la méditation ça). J'affirmerais ma suprématie, en dédaignant tous les régimes alimentaires différents du mien. Moi qui, je l’avoue, si tu pesais ces 5 kilos que je t'incite à prendre, serait la première personne à moquer ta fraîche cellulite apparente et ton double menton.
Je ne pourrais pas dire si la discrimination dont je fais preuve, tel du racisme ordinaire, serait dûe à un manque de volonté ou à un complexe d’infériorité. Peut-être même que l'explication serait juste que "je déconne ! Faut pas être susceptible comme ça, tu fais bien de manger des carottes, ça te rendra plus aimable" !

Et sinon, vous reprendrez bien un peu de chocolat ?

Si Facebook n'existait pas

Le 05/03/2018

Pouce bas

Si j'étais pas née à cette époque, je rêverais d'avoir les réseaux sociaux.

Sur Facebook, je pourrais ajouter des gens que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam, stalker des mecs bg, des acteurs à succès et des stars du net à plus de 10K qui font des petits partenariats sponsorisés. J'aurais 384 amis pour pallier ceux que je compte sur les touches de mon clavier. En cas de galère, j'aurais pas d'aide c'est vrai mais 14 likes et réactions pour afficher une certaine solidarité. J'aurais une liste de contacts variée : ceux qui ne m'ont jamais aimée, ceux qui ne m'ont jamais rencontrée, ceux qui m'ont aimée pour de faux ou laissée tombée et ceux qui m'aiment pour de vrai mais pèsent peu dans le pourcentage de ce que Zuckerberg appelle l'amitié. Je suivrais des gens que je ne like pas pour faire comme tout le monde, sans jamais afficher aucune réaction, me plaignant de leurs posts à la c*n, sans toutefois arrêter de consulter les statuts pleins d'émojis illustrant leurs vies, prétendument bien remplies. Avec ça, j'aurais de quoi alimenter les discussions à midi.

Je suivrais la vie de mes ex, quand bien même on ne serait plus en contact depuis des années, vous savez, juste pour garder un œil sur le passé et voir qui a fini par me remplacer. Je ne prendrais jamais de nouvelles non, mais je voudrais savoir s'ils ont mieux réussi que moi, s'ils se sont encore mis dans de beaux draps, ou, confirmer qu’ils n’étaient pas assez bien pour moi.

Je me mêlerais des histoires des autres, à commencer par leurs stories Insta, oui je parle bien de celles des gens que je n’aime pas plus que ça. J’aurais l’occas‘ de faire une petite veille concurrentielle et de regarder un nouveau format de TV réalité, pourquoi se priver quand on a droit à un petit show sans rien payer ? Je serais friande d'informations croustillantes et me nourrirais de la vie des autres, jusqu'à en oublier la mienne. Il est vrai que je vivrais par procuration, et qu'en soi je ne vivrais pas grand chose à ma façon. Mais au fond, je serais juste conne-ctée. Toutes les heures, je serais sur le qui-vive et ne cesserais de checker les notifs sur mon téléphone. Y a pas d’urgence je sais, mais j’appartiendrais à la société de l’instantané. Dans laquelle, si quelqu’un te met un « vu » sans répondre, pff je peux même pas définir la catégorie dans laquelle le placer !

Sur Twitter, j'irais subtilement déferler ma haine et révéler la noirceur de mon âme dans des tweets assaillants et sombres, parce qu'empreints d'humour noir. Hé, faut rire de tout quand même, prenez pas la mouche, je dé-conne.

Sur Linked In, je serais « en relation » avec tous les gros poissons, qui in real life ou par mailbox refuseraient catégoriquement la totalité de mes CV. Mais n'empêche que j'aurais un gros carnet d'adresses, et ça vous savez, ça pèse dans le métier. Dans ma boite, quand on aurait une nouvelle recrue, j'irais stalker son profil pour savoir si elle est compétente, et jauger au nombre de ses recommandations si c'est une bosseuse ou si elle vient du piston. 

Avec toutes les vues générées sur mes réseaux sociaux, je me sentirais regardée, comme quand on est chez soi, le rideau pas bien tiré, et que le voisin d’en face est posté à sa fenêtre, en train de fantasmer, ou de commérer. Je sais pas trop. Un peu des deux. Mais la notoriété c’est ce à quoi j’aurais toujours aspiré. Parce que l'anonymat, la confidentialité et l’intimité seraient des concepts du temps de mes grands-parents, soooo désuets.

Je verrais mon mec et ceux de mes copines, ou collègues ou ennemies (bref, mes contacts quoi), ah et mon boss aussi, mettre des J'adore sur les PP des petites poulettes en Wonderbra et suivre les essayages de bikini et autres transformations physiques postées en deux pièces, une, ou 0 selon le profil. Non pas qu'ils ne le faisaient pas intérieurement avant, mais aujourd'hui tout ça serait sans gêne et démocratisé. Liker c'est pas tromper non ? On est tous des êtres humains. Une fille en sous-vêtement ça n'a jamais tué personne, et puis de toute façon c'est comme aller à la plage pas vrai ? J’en profiterais moi aussi pour essayer quelques ensembles Victoria's Secret sur la toile afin de récolter des avis (et des likes). C’est important d’assumer son corps, et pour ça vous savez, les communautés online c’est la clé. Pourquoi s’autocritiquer quand on a mille abonnés prêts à vous aduler ? A mon avis, on serait tous plus décomplexés si on commençait par se voir à poil avant de se rencontrer, un peu comme ils font à la télé.

Le point positif, c’est que je suivrais la vie de mes collègues, comme ça en plus de les voir huit heures, cinq jours sur sept, je pourrais aussi les voir depuis mon lit, en cuisinant, en me baladant, en décompressant, en fait, on ne se quitterait jamais vraiment. On serait connectés, ah ça oui, totalement. D’ailleurs, plutôt que de raconter mon weekend à mes potes autour d’un café, je ferais un petit post avec deux trois photos qui feraient office de résumé. Hashtag flemme. D’avoir une convers avec plus de 140 mots ! Euh caractères. Mais attention, à la première dispute avec un ami, je peux vous dire que celui-ci serait delete-é, oui totalement blacklisté. Out from Facebook, Snap et Insta, j’officialiserais clairement la fin de notre amitié. Et puis, je retirerais tous les likes que j’aurais précédemment attribué, non mais sérieux faut pas rêver. Quant à mon code de parrainage, ça aussi il pourrait l'oublier.

Niveau break news, je verrais des gens en vacs (toute l’année ?), qui se marient, en sortie, chez mamie, en famille, en jogging, au restau… De l’info, de la vraie, je serais à 100% et de tout informée. Je pense même que les RS feraient de moi quelqu'un de plus instruit, parce qu'avec les fan pages qui pullulent, je me perfectionnerais pas mal, notamment en sport, politique, cuisine et géographie.

Peut-être que je tomberais dans le voyeurisme, que je me comparerais sans cesse à des images filtrées, que je perdrais un peu - ou beaucoup - de ce que j’étais, à force de passer mon temps à contempler sans vivre ma propre journée. Peut-être que j’aurais un sentiment de solitude amplifié. Mais ne serait-ce pas la faute de ma société, qui petit à petit me perdrait entre virtuel et réalité ? En me martelant que l'herbe est plus verte sur la page suggérée, ne finirait-elle pas par me transformer moi aussi en mouton ultra connecté ?

Dans le fond, je ne sais pas de qui je me moquerais le plus, de la vie des autres ou de la mienne ? 

 

Facebook

Le voyage, ce mal de notre époque

Le 18/08/2017

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Génération #TravelLover, je vous annonce que le nouvel eldorado ne se trouve plus via Facebook mais par Skyscanner. On ne rêve plus d'un week-end en Normandie mais d'avoir déjà parcouru les 2/3 de l'Asie. D'ailleurs, si ça vous dit, n'oubliez pas de suivre mes excursions dans mon InstaStory.

Alors que mes grands parents travaillaient à la chaîne pour acheter une maison, aujourd'hui je vendrais père et mère pour acheter un billet d'avion. Ce qui ne serait pas raisonnable puisque les lowcost ont ouvert la voie des billets qui n'ont même plus besoin de promotions.

 

Après trois mois chez Decathlon, si vous cherchez mon copain Thomas, bachelier-plus-cinq-années, allez checker sur le dos des éléphants exploités à Koh Chang ou dans une auberge au sud de la Corée. Quand les parents de son meilleur ami, tout juste retraités, peuvent se payer le voyage de leur vie à Punta Cana, leur petit protégé est déjà passé par les States, Manille, Chom Phon, Shangaï et revient tout juste du Brésil chiller deux mois à Biarritz, avant de partir faire son VIE à Barcelona.

A ce sujet, un petit conseil, si vous signez dans une Business School nec plus ultra, pour la licence vous pourrez choisir entre Mexico ou LA, en Master 1, peut-être un petit tour à NYC ou California et pour le M2, no problem vous aurez le choix. Well, si vous n'avez pas quitté votre pays avant 18 ans, vous serez bientôt catégorisé absolutely not aventurier je suis au regret de vous l'annoncer. Eh oui, car si vous n'êtes pas encore partis aujourd'hui, vous avez quasi raté votre vie avec cette pression sociale du Chéri je n'ai pas raté mon Airbus et autres compagnies.

Indeed, vous remarquerez que j'en profite pour glisser quelques mots d'anglais car j'ai ajouté cette compétence sur mon CV après être partie six mois à Dublin, boire de la Guinness du soir au petit déjeuner.

 

Alors qu'avant il fallait se faire pistonner pour trouver un stage à Paris (ok c'est toujours d'actualité), maintenant si t'as pas fait ton stage à l'étranger, ton expérience ne vaut même pas la peine. Civiweb est devenu le Pôle emploi de la sphère urbaine. Plus besoin des sites de plan Q (je me réfère à la lettre), Tinder et autres applis phares sont remplacées par onsenvol.fr ou comment "s'envoyer en l'air" via Air China avec un jeune diplômé, trop déterminé pour commencer à travailler. Pardonnez-le c'est son Erasmus qui l'a mis sur la voie de la vie d'expat et de la recherche de la liberté.

Si vous faites partie de ma génération, vous vous retrouverez à partir en destination lune de miel avec un boyfriend de moins de 2 ans d'ancienneté, que vous aimerez le temps de 3 randonnées et de 8 thés glacés. Quand ce voyageur aura trouvé la paix intérieure à travers le riz cantonnais, il vous dira hasta la vista pour aller mater les Bouddha les plus perchés des temples chinois. Et puis dans une auberge de paresse vous rencontrerez Catherine aka Kataryna, qui se sera baignée dans un volcan avant de partir au Cambodge avec un sac-à-dos et un allemand, aura fumé des joints au Sziget et s'envolera pour aller cracher dans les chutes du Niagara.

Sachez que nous sommes à une ère où les vieux riches américains (et autres nationalités) ne trouvent plus d'endroit désert où se faire masser (on va dire masser) incognitos par des midinet(te)s thaïlandais(es). Les stations balnéaires sont quasi délaissées pour faire un remake à la Pékin Express de "J'irai dormir chez vous", dans des maisons d'hôtes aussi authentiques que les portes-clés Tour Eiffel vendus 3,50€ au Trocadéro.
 

Mon nouveau rêve : trouver un partenaire de voyage photogénique affublé de son sac à dos The North Face (car n'est pas backpacker qui veut) et de sa go pro, m'acheter une bouée Doflamingo et prendre des photos de nous en bikini à Kho Phi Phi, en Colombie, dans un hamac aux Seychelles ou admirant les lacs de Pennsylvanie. Ensuite, nous vendrons nos corps et nos esprits à des agences de voyages, à des petits shops de massage et des résidences de passage, recherchant la travel égérie des temps modernes. Bronzage toute l'année, ne vous inquiétez pas, je n'aurais jamais le teint terne.

Je posterais des photos de moi, moi, moi et le paysage pendant que vous serez coincés dans le RER B hiver comme été. Je ne connaîtrais pas l'hiver, parce que c'est une saison qui n'est pas universelle. Aucun moyen d'hiberner, pour moi ananas, palmiers et cocos à volonté. Mon Instagram serait mille fois plus vendeur que Club qui déjà ?
 

Une seule question ? Qui n'a pas encore pris une année sabbatique pour partir un an en Australie, se baigner dans le lac le plus rose bonbon du continent et high-fiver des kangourous ?
 

Ne mentez pas.

 

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Quand je serai grande, je deviendrai youtublogueuse (part 2)

Le 25/05/2017

Je vous l'ai dit, j'ai toujours rêvé d'être youtublogueuse. Ma vie ce serait racontetalife.com : ce que je mange, où je le mange, là où je vais, là où je ne vais pas, ce que je ne sais pas, ce que je dis, ce que je vis, quand je m'ennuie. Un simple weekend chez tante Alberte deviendrait un must go. Une balade dans les rues de Paris deviendrait aussi prisée qu'un défilé de Cannes. Oui, je ferais le même cinéma.

Vous connaîtriez la marque de mes petites culottes et le nombre de trous dans mes chaussettes, combien de fois par jour je sors mon chien, prends un selfie avec mon chat et si c'est en tongs ou en adicolor. Mon job : prendre des photos de ma vie avec mon smartphone, instagramiser le tout avec un filtre digne d'une retouche Photoshop premier prix, et vous vendre ça en boîte comme si j'avais inventé le minitel.

En vrai j'avoue que j’aurais pas la peau aussi nette, pas la voix aussi sex’ et je marcherais max 10 minutes avec les talons infâmes qui vous feraient baver sur mon latergram. Mais ma vie ce serait de vous vendre un décor et des dessous à vous faire m'idolatrer.

Je posterais des photos cute de mon mec branchouille, réal ou dans la com, la photo, le cinoche, les foodtrucks. Sans barbe parce que c'est so 2016 et so backpacker. Nos petits restau deviendraient des scènes dignes de films Hollywoodiens, tout comme toutes les fois où il snapchaterait notre Deauvillais formule 1.

Ma vie privée serait publique, je ne cacherais pas que je n'ai jamais été pudique, au fond qu'est-ce qu'un sein, une fesse, un percing-là-où-tu-savais-même-pas-que-c’était-possible, quand je verrais mon compte dépasser les 10 000 K (occas’ pour lancer un jeu-concours by the way les loulous).

Je serais partenairisée pour voyager, m'exhiber, tester des produits révolutionnaires et donner un écho à la vitrine de mon existence en plexisuperficialité. Plus besoin du téléachat mes abonnés, votre ménagère aurait rajeuni de 25 ans et serait beaucoup moins vulgos que Nabi qui déjà ?

Mes mignonneries, ma team, mes lapinous, mes bg, oui vous les moches sans personnalité, je vous aimerais mais pas plus que moi-même sinon je n'aurais plus assez d'inspi pour que l'on m'aime.

Comme les 45 millièmes autres influents j'aurais des shoes gratos Adidas, des blush l’Oréal et si je pousse les followers un peu plus loin, peut-être une invit chez Hanouna, dieu suprême de ma génération, avec ses chroniqueurs rigolols.

Chez Ruquier, j'aurais peur de dire une ou deux bêtises, qu'on me parle d'un livre, qui ne soit pas de Marc Lévy, et puis à cette heure-là je serais en soirée de lancement produit coollab.

Imaginez qu’ensuite on me propose une émission de télé réalité, OMG, enfin je pourrais détronner la pionnière Hilton, car non ce n'était pas Kardashian, ou bien être aussi fraîche que Loana quand elle était jeune, mais avec un peu plus d’highlighter.

Allez bisous mes fans.

Questions existentiELLES

Le 01/03/2017

Et les femmes

2017. 21e Siècle, Paris, capitale de la France, pays riche, pays développé, pays évolué. Numérique, machines, technologie, RSE, bio, hype. Facebook, Tinder, le métro, Uber, la réalité virtuelle, l’Iphone 8, la pilule, les autoroutes, le cinéma, les lunettes Google. Pays développé, again. Et pourtant. On envoie des hommes sur la lune, mais on a toujours la vision de la petite ménagère de 50 ans, frigide en tablier pour passer le plumeau Monsieur Propre en 3D, pendant que chéri roule en BM et va se taper des péripatéticiennes à la pause café. Non, il faut concéder que cette image a évolué. Maintenant le petit mec d’HEC est casé avec la nénette de Skema, il part faire son VIE parce que c’est exotique, pendant qu’elle part faire son stage ou garder des enfants pour travailler son anglais, italien, hongrois, au choix ou tous en même temps. Tout ça et le reste jusqu’à ce qu’ils fassent un ou deux bambins, achètent une maison en province, qu’elle abandonne son job, essaye de se dékyloser au fil des promenades au parc et que la boucle soit bouclée. Mais au final, pourquoi ?

 

- Pourquoi sur 80 familles de métiers, les femmes sont concentrées à 50% dans seulement 10 secteurs. Par manque de compétences, d’ambition ou parce qu’elles sont trop occupées à lire Closer toute la journée, après s’être faites peloter 2-3 fois dans le métro ?

- Pourquoi les femmes sont peu nombreuses à rejoindre des filières telles que la finance ou la mécanique alors qu’elles ont les mêmes compétences que les hommes, si ce n’est plus ? Ce serait con qu’elles soient en train de passer une commande Zalando au moment de surveiller le cours de la bourse ?

- Pourquoi en Inde, ½  développeur est une femme alors qu’en France « zéro kilos, zéro défauts », zéro QI ? Comme quoi ils ont du mal avec la couche d’ozone mais leur esprit est moins une déchetterie que le nôtre.

- Pourquoi dans l’inconscient collectif, il est encore difficile de faire appel à une femme pour réparer son ordinateur. Des fois que le string Victoria’s Secret soit plus effrayant que la raie du plombier ?

- Pourquoi seulement 7% de femmes à l’Ecole 42 ? Ok on a cassé le réseau d’opérateurs ? Mais maintenant faudrait peut-être casser un peu plus les couilles des mecs, non ?

- Pourquoi plus de femmes que d’hommes dans l’armée de l’air ? Ne nous dites pas que pour s’envoyer en l’air, ils sont moins motivés !

- Pourquoi dans le foot, les femmes gagnent 1 dixième du plus bas salaire touché par les hommes ? Genre les crampons rose ont le même prix que du made in China ? Et puis pourquoi elles n’auraient pas l’argent pour se payer des gigolos comme Ribéry ?

- Pourquoi chez Radio Canada, il y a plus de femmes expertes que d’hommes à l’antenne ? Serait-ce l’aura de la femen Céline Dion ?

- Pourquoi en politique on appelle les femmes par leur prénom ? Avec Ségo on est intimes mais Pénélope demanderait un plus gros salaire s'il en était de même avec Fillon ?

- Pourquoi les politiciennes sont jugées sur leurs vêtements quand les politiciens sont jugés sur leurs comptes en banque ? Ce serait presque plus valorisant qu’on leur trouve des comptes en Suisse, même si c’est pour du shopping.

Si 2% de femmes portent de noms de rues, c’est peut-être parce que leurs prénoms sont trop indécents ? Tout comme être une femme en 2017. C’est indécent de mettre tous les jours des robes ou des pantalons, de faire du 90A ou du 95D, de parler ou de ne rien dire et de parler pour ne rien dire.

Les réponses ne sont pas si compliquées, on censure les femmes, on leur propose du rose parce que le bleu c’est pour les garçons et le jaune pour les cocus. On les incite à faire du fitness parce que le foot pourrait leur casser un ongle. Pourquoi iraient-elles faire de la fonderie alors qu’elles n’ont pas le mental de Simone Veil, pourquoi iraient-elles en finance côtoyer des petits banquiers mysogines même si elles pigent les chiffres autant qu’eux ? Pourquoi, alors que leur mère, leur père, l’oncle de la sœur de la tante du beau-frère, Jouet Club, Airbnb et Trump n’y croient pas ? Bien qu’elles ne manquent ni de QI, ni d’ambition (alors oui certaines ont des lunettes et portent les cheveux longs), elles manquent surtout de soutien, d’information et d'une société avec de l’éducation.

Enfin bref, si on se fait violer, c’est parce qu’on porte des jupes de salopes hein ?

J'ai testé : l'amour

Le 15/12/2016

Il n'était pas spécialement beau, ni charismatique, pas vraiment stylé non plus, rien du stéréotype. Il avait son truc à lui, le truc qu'on ne peut pas définir. Entre la banalité et l'indifférence, ce petit rien qui fait toute la différence. Un petit je-ne-sais-quoi qui ne se remarque pas dès la première fois.

Ça a commencé à une soirée, où j'étais lucide bien qu'alcoolisée: "Toi, moi ? Mais tu rêves mec, même pas dans un conte de fée", et c'est comme ça que je me suis retrouvée arroseur arrosé.

J'ai perdu mon inspiration, j'ai arrêté d'être égoïste, j'en ai fini avec mes lamentations, j'ai découvert ce corps préservé par le Christ.

J'ai commencé à penser à deux, à comprendre ce que signifiait être heureux. Les albums gnangnan et montages Kodak à dix pages, j'ai voulu le beurre avant l'argent et mangé beaucoup de fromage. J'ai plané à dix mille, gravi des montagnes, parcouru des îles avant l'été en Bretagne. Intensément bref, comme épisodique, un rêve d'une année à la fin vraiment tragique. 

Il était un peu comme-ci mais pas trop comme ça, il se fichait de tout et surtout de moi. Comme un mirage dans le désert de mon coeur, il est apparu et reparti, me rendant assurément meilleure. 

Ce jour où j’ai découvert Instagram

Le 19/11/2015

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Par un frileux mois de novembre, alors que l’on me bassinait à m’inscrire sur tout réseau social susceptible de dévoiler ma vie, me faire pirater, voler mes données ou être pistée par un dégénéré, je me suis inscrite sans grande conviction sur Instagram.

Je précise que je ne suis pas sponsorisée, mais s’il faut promouvoir sur rémunération, je vous le dis les gars, il y a moyen de s’arranger.

J’ai créé un compte, publié six photos de médiocre qualité puis ai laissé ce futile compte à l’abandon pendant toute une longue année.

Et un matin, une lubie, peut-être une petite péripétie dans ma vie, va savoir mais en tout cas, l’âme « d’artiste » est sortie de son lit. Je me suis reconnectée.

Comme un coup de foudre instantané, éteint après une soirée trop arrosée mais ravivé par les hasards de la vie qu’on ne saurait expliquer, comme un vampire qui sort de son cercueil après des siècles de sommeil et d’inactivité, ou encore la belle au bois dormant qui se réveille après des millénaires passés, trempée par la salive de son valeureux chevalier, je suis revenue parmi les connectés de la génération promotion et autoportrait.

Façon instagrameuse, je me suis mise à publier de manière rigoureuse, et comme il faut s’y attendre, plus l’on publie plus l’on devient addict de la publication.

Je me suis sentie inspirée par tout et n’importe quoi, découvert une passion pour le ciel, les nuages, les villes, les châteaux, la nature, les animaux. Ces choses que j’aimais, parfois sans en prendre conscience, que je regardais et oubliais l’instant d’après, je ne pouvais à partir de ce moment, plus m’empêcher de les capturer, les graver, les partager.

Non loin de m’éloigner de la réalité, cela m’a donné l’impression de davantage savourer, de créer des souvenirs que je pourrais autant de fois que je le voudrais contempler et me remémorer.

Certes, je vis parfois à travers des filtres, bien que je prône le #nofilter, oui je vois la vie en bleu, orange ou noir grisé. Il m’arrive de vivre ma vie par procuration, d’être encore plus utopique qu’à l’ordinaire, d’être fascinée par un coin de rue, une architecture insignifiante pour la plupart, un repas maxi calorique au design parfait.

Parfois je mange froid, je rate ce qu’on me dit, j’échange plus avec mon smartphone qu’avec mon voisin de TGV. Certaines verdures deviennent de l’herbe bleue qui me fait planer, les ciels blancs sont transformés en nuages de lait, les conserves en Warhol pop art made in Cora. Je fige, je glace, je vole des moments de vie qui ne la représentaient qu’un instant avant d’être anéantis. Comme n’importe quel grotesque amateur, munie de mon smartNikon-Huawei-P8lite, je me prends pour le Terry Richardson du tourisme et de l'ordinaire.

Mais en tant qu’usurpatrice de l’image et même si tout cela n’était finalement qu’un mirage, je crée chaque jour à travers le miroir du monde une mosaïque de vie qui représente bien plus qu’une histoire de pixels.