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Articles de ingrid_writings
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Quand je serai grande, je serai influenceuse

Par Le 26/01/2020

Influenceurs


On se situe dans l'ère où des gens sont devenus "famous" en se prenant en vidéo avec un vieil appareil qui dépassait même pas 12 mégapixels, quand les go pro étaient encore considérées comme des objets futuristes révolutionnaires et non accessibles aux petits budgets, ou seulement comme cadeau de Noël grâce au chèque de mamie.

Aujourd'hui auto-entrepreneurs, ils font toutes sortes de réal', montages, itv, on pourrait quasi dire qu'ils font de la télé en enregistrant des vidéos IGTV (d'ailleurs ils finissent bien souvent chez Hanouna) à l'aide de leurs iPhone X et d'un stabilisateur. On est sur un concept complètement dingue de personnes qui galéraient un mercredi après-midi, et au lieu de jouer aux Sim's, ont appuyé sur le bouton REC et commencé à déblatérer plein d'inepties, à se maquiller, se déguiser, pousser la chansonnette et à mettre ça sur le net pour faire triper les potos. C'est parti d'un truc anodin et aujourd'hui la génération Z fait plus de 200 000 vues sur Youtube, est suivie par un nombre d'abonnés qui représente bien souvent une (voire plusieurs) ville(s) entière(s).

Je vous signale que ces gens-là écrivent leur biographie (et je parle pas de celle de 140 caractères située en haut de leur profil) à moins de 30 ans (vous avez le droit de rire), publient des livres sans avoir jamais lu Zola, ni connaître leur conjugaison. Ils se baladent aux quatre coins du monde comme d'autres vont au travail, sponsorisés par des marques qui essaient de faire ce pour quoi elles existent : de l'argent.

On se situe donc dans l'ère où l'important n'est ni ce que l'on dit (fond), ni ce que l'on fait (actes), mais où l'on se doit d'être vus et de faire des vues (look my food, my clothes, my flat, my shopping, my friends, my holidays, my bf, my routine, my make up, my mood, my haircut, my brands, my LIFE). En soi, je trouve ça prodigieux, faire de la tune avec du vent : des selfies quotidiens, des stories pour raconter la sortie du jour, montrer son nouveau pyjama Undiz, la photo du Uber avec le petit code promo de -15%, la photo du poke bowl du déjeuner, du cocktail du bar place to be, le partenariat pour te faire gagner un iphone ou un séjour en Corse, avec pose sur le jet-ski ou vidéo bouée tractée.

Pas besoin de réflexion, de culture, de grand discours, pas besoin de trimer, de tuer, de coucher ou de voler et arriver à un genre de sommet (des "influenceurs" ?), c'est assez fascinant on ne va pas se mentir. Mais ce qui est inquiétant c'est qu'on (oui nous, qui regardons ces stories/vidéos, suivons ces comptes, likons et reproduisons) surfe sur la culture du vide, ok peut-être sur un soupçon artistique aussi ? Mais y-a-t-il vraiment du fond, des références, des trucs dont on se rappellera dans 50 ans et qui auront vraiment impacté voire amélioré le monde ?

Je vais aller prendre un selfie pour oublier.

#Justwondering #2020 #WhataCentury #GenerationKylieJenner #Nostalgiedelaprofondeur #Sociétéduvide

Les orthorexiques, ces gens à abattre !

Par Le 02/12/2018

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C’est drôle comme aujourd’hui on juge plus quelqu’un qui aime manger sainement que quelqu’un qui aime manger gras, sucré salé, génétiquement modifié. Il faudrait rêver de se rouler dans le Nutella, la crème fraîche et la mousse au chocolat, aller chez Burger K, do Mac, et dire « allez-vous faire » à tous ceux qui mangent des Special K (le dernier des produits sains by the way). Les vegan deviennent les personnes à abattre, contre lesquelles les bouchers portent plainte et les végétariens : des bobos pro-bio hippies psychorigides (mais ça, ça a toujours été). On n’a plus envie de les inviter, trop compliqué pour cuisiner, quelle galère d’adapter le menu à tous ces régimes spéciaux : les anti-lactose, anti-viande, sans gluten, flexivores, ces moutons chez lesquels le moindre lavage de cerveau Doctissimo fait effet, qui pensent un peu trop à la planète. Connards de green peaçois.

Si je ne faisais pas attention à ce que je mange, j’emmerderais ceux qui ne font pas comme moi.

J’essaierais de les faire consommer à outrance, je leur dirais "non mais quand même, qu’est-ce qui tourne pas rond chez toi pour pas accepter du chocolat Milka", qu’est-ce que c’est que ces conneries de vouloir arrêter le sucre, les féculents, les additifs, les colorants, ces jolis ingrédients scientifiques qui donnent du goût à nos aliments. "Enfin voyons, Contrex, Taillefine et Weight Wetchers sont aussi des lobbys. La dernière fois, je me suis fait une soirée pizza en buvant de la Contrex, ben tu penses que j’avais perdu 1 gramme le lendemain ?", "Puis tu crois vraiment que ta peau est plus belle depuis que t’as arrêté le lait ?", "Ouais enfin tu sais aujourd’hui si on écoute tout ce qu'on dit, on mange plus rien, parce que tout est cancérigène".

 

À ceux qui veulent faire une diète avant Noël, je répondrais : "mais profite, un kilo de plus, c’est un peu plus de toi ! C’est dans ta tête tout ça. Regarde, moi, j’ai un peu de gras et je vis très bien avec ! Prendre une taille en plus, c’est pas la fin du monde ! Tu prendras l'ascenseur à la place des escaliers, c'est tout". Aux végétariens, j’affirmerais qu’on peut manger les lapins et les chevaux, parce que c’est bon, mais attention, le chien et le chat, ce serait de la triche (salauds d’asiat'), un scandale, parce que quand même, ce sont nos meilleurs amis. Que les porcs aillent crever à l’abattoir, ce ne sont que des porcs après tout et le saucisson c’est trop bon. Et puis les chevaux, ils rapportent pas suffisamment aux paris dans les hippodromes, alors autant s’en faire un bon steak et si vous n'êtes pas contents, achetez-vous des peluches !
 

Je considérerais les OGM comme des légendes vénézuéliennes, et penserais que le soja et le tofu sont pour les gens qui cherchent un but à leur existence, une cause à défendre et qui veulent se faire remarquer. D’ailleurs, c’est bien connu, les gens qui aiment les légumes n’ont pas de papilles, ce sont des control freak dégénérés qui se privent par mazochisme. Quand je verrais une assiette colorée à côté de moi à la cantine, ou quelqu’un manger du fromage blanc aux flocons d’avoine au petit dej, je me dirais que cette personne a une vie bien triste et que franchement, elle doit être sacrément frustrée, complexée ou les deux. D’ailleurs, je lui poserais la question en trempant mon pain à la chocolatine dans mon actimel supplément lactose : "mais didonc, ça t’ennuie pas de manger tous les jours la même chose ? Ah ouais parce que moi vraiment ton dej, ça me donne pas du tout envie, je sais pas comment tu fais pour manger ça". Comme j’aurais la science infuse de la bonne bouffe, ben franchement ça me paraîtrait peu ragoutant de la voir se mutiler culinairement chaque jour. À force, quand je descendrais m'empiffrer à la cafét, je lui jetterais un petit regard emprunt de dédain ou de pitié, j'hésite encore, et je lui dirais "bon ben de toute façon je te propose paaaas hein", la laissant à ses trucs de personne-qui-fait-attention.
A midi, au secours haricots, courgettes, carottes et brocolis, je prendrais un bon gras steak frites ketchup mayo ou pâtes carbo double supplément gruyère, selon la petite faim, et je zyeuterais la salade composée de ma voisine en me disant, didonc celle-là qu’est-ce qu’elle se fait chier avec sa poêlée de légumes d'été, elle doit vraiment avoir une vie de merde.

 

2018 les gars, et même plutôt les filles, si t’as pas les fesses de Kim K t’as wallou. Le twin gap est so 2011, maintenant il faut exposer sans filtres sa cellulite et ses vergetures, accepter d'être "la meilleure version de soi-même" et renier tous ces gens qui ont une morphologie 0, entretenue, contrôlée, surveillée ou héréditairement favorable.
Je grignoterais toute la journée, me plaindrais quand même pas mal des kilos accumulés chaque année et accuserais cette société de consommation qui ne fait rien pour nous aider. "Mais de toute façon, on va tous mourir de quelque chose hein, que ce soit ça ou la clope". Je me moquerais de ces gens qui ne connaissent pas les bonheurs simples de la vie, autrement dit ces gens qui ne boulotent pas entre les repas, ne sont pas chauds pour s’enfiler un pot de Ben&Jerry’s ou se faire une razzia pizza. Ces nanas qui connaissent le nombre de calories dans une clémentine, teeeellement à plaindre !

 

Je ne ferais aucun sport et détesterais le moindre joggeur, athlète, footballeur et autre individu qui n’a rien à faire d’autre qu’aller maltraiter son corps dans un marathon, une salle ou un gym-nazes. Parce qu’à ce stade, c’est plus du bien-être. Je mépriserais les gens qui font du fitness, du yoga, des abdos ou autres activités physiques, qui me sembleraient, bien entendu, superficielles. Ces gens sans réelle passion, obsédés par le culte de leur corps, qui feraient mieux de foutre leur balance à la poubelle et de nous lâcher avec leur « balance of life » aussi.
Ces perfectionnistes qui savourent leurs repas par procuration jusqu’au moment du cheat day, cheat meal, cheat-à-ta-perfection-ouais, qui entraîne déchéance, débauche et orgies alimentaires. Ces prosélytes de l’esprit-sain-dans-un-corps-sain qui s’intéressent plus à ce qu’il y a dans leurs assiettes que dans celles de leurs voisins. Ces snobs à part, beaucoup trop centrés sur leur bien-être.
Thé matcha, guarana, graines de chia, oméga 3 seraient pour moi les antibiotiques de ces individus atteints de troubles obsessionnels. Hashtag #healthy #détox (kiss my) #fit #ass. J’aurais tant de peine pour cette partie de la population qui raffole des lentilles, pamplemousses et autres fruits riches en vitaquoi déjà ?

 

Moi être suprême, librement empoisonné, admirable et fier de me pourrir [entre nourrir et pourrir, il n'y a qu'une lettre mais un grand écart en termes de valeurs nutritionnelles] de l'intérieur jusqu'à en contaminer mon âme (encore un truc de psychorigides qui font de la méditation ça). J'affirmerais ma suprématie, en dédaignant tous les régimes alimentaires différents du mien. Moi qui, je l’avoue, si tu pesais ces 5 kilos que je t'incite à prendre, serait la première personne à moquer ta fraîche cellulite apparente et ton double menton.
Je ne pourrais pas dire si la discrimination dont je fais preuve, tel du racisme ordinaire, serait dûe à un manque de volonté ou à un complexe d’infériorité. Peut-être même que l'explication serait juste que "je déconne ! Faut pas être susceptible comme ça, tu fais bien de manger des carottes, ça te rendra plus aimable" !

Et sinon, vous reprendrez bien un peu de chocolat ?

Si Facebook n'existait pas

Par Le 05/03/2018

Pouce bas

Si j'étais pas née à cette époque, je rêverais d'avoir les réseaux sociaux.

Sur Facebook, je pourrais ajouter des gens que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam, stalker des mecs bg, des acteurs à succès et des stars du net à plus de 10K qui font des petits partenariats sponsorisés. J'aurais 384 amis pour pallier ceux que je compte sur les touches de mon clavier. En cas de galère, j'aurais pas d'aide c'est vrai mais 14 likes et réactions pour afficher une certaine solidarité. J'aurais une liste de contacts variée : ceux qui ne m'ont jamais aimée, ceux qui ne m'ont jamais rencontrée, ceux qui m'ont aimée pour de faux ou laissée tombée et ceux qui m'aiment pour de vrai mais pèsent peu dans le pourcentage de ce que Zuckerberg appelle l'amitié. Je suivrais des gens que je ne like pas pour faire comme tout le monde, sans jamais afficher aucune réaction, me plaignant de leurs posts à la c*n, sans toutefois arrêter de consulter les statuts pleins d'émojis illustrant leurs vies, prétendument bien remplies. Avec ça, j'aurais de quoi alimenter les discussions à midi.

Je suivrais la vie de mes ex, quand bien même on ne serait plus en contact depuis des années, vous savez, juste pour garder un œil sur le passé et voir qui a fini par me remplacer. Je ne prendrais jamais de nouvelles non, mais je voudrais savoir s'ils ont mieux réussi que moi, s'ils se sont encore mis dans de beaux draps, ou, confirmer qu’ils n’étaient pas assez bien pour moi.

Je me mêlerais des histoires des autres, à commencer par leurs stories Insta, oui je parle bien de celles des gens que je n’aime pas plus que ça. J’aurais l’occas‘ de faire une petite veille concurrentielle et de regarder un nouveau format de TV réalité, pourquoi se priver quand on a droit à un petit show sans rien payer ? Je serais friande d'informations croustillantes et me nourrirais de la vie des autres, jusqu'à en oublier la mienne. Il est vrai que je vivrais par procuration, et qu'en soi je ne vivrais pas grand chose à ma façon. Mais au fond, je serais juste conne-ctée. Toutes les heures, je serais sur le qui-vive et ne cesserais de checker les notifs sur mon téléphone. Y a pas d’urgence je sais, mais j’appartiendrais à la société de l’instantané. Dans laquelle, si quelqu’un te met un « vu » sans répondre, pff je peux même pas définir la catégorie dans laquelle le placer !

Sur Twitter, j'irais subtilement déferler ma haine et révéler la noirceur de mon âme dans des tweets assaillants et sombres, parce qu'empreints d'humour noir. Hé, faut rire de tout quand même, prenez pas la mouche, je dé-conne.

Sur Linked In, je serais « en relation » avec tous les gros poissons, qui in real life ou par mailbox refuseraient catégoriquement la totalité de mes CV. Mais n'empêche que j'aurais un gros carnet d'adresses, et ça vous savez, ça pèse dans le métier. Dans ma boite, quand on aurait une nouvelle recrue, j'irais stalker son profil pour savoir si elle est compétente, et jauger au nombre de ses recommandations si c'est une bosseuse ou si elle vient du piston. 

Avec toutes les vues générées sur mes réseaux sociaux, je me sentirais regardée, comme quand on est chez soi, le rideau pas bien tiré, et que le voisin d’en face est posté à sa fenêtre, en train de fantasmer, ou de commérer. Je sais pas trop. Un peu des deux. Mais la notoriété c’est ce à quoi j’aurais toujours aspiré. Parce que l'anonymat, la confidentialité et l’intimité seraient des concepts du temps de mes grands-parents, soooo désuets.

Je verrais mon mec et ceux de mes copines, ou collègues ou ennemies (bref, mes contacts quoi), ah et mon boss aussi, mettre des J'adore sur les PP des petites poulettes en Wonderbra et suivre les essayages de bikini et autres transformations physiques postées en deux pièces, une, ou 0 selon le profil. Non pas qu'ils ne le faisaient pas intérieurement avant, mais aujourd'hui tout ça serait sans gêne et démocratisé. Liker c'est pas tromper non ? On est tous des êtres humains. Une fille en sous-vêtement ça n'a jamais tué personne, et puis de toute façon c'est comme aller à la plage pas vrai ? J’en profiterais moi aussi pour essayer quelques ensembles Victoria's Secret sur la toile afin de récolter des avis (et des likes). C’est important d’assumer son corps, et pour ça vous savez, les communautés online c’est la clé. Pourquoi s’autocritiquer quand on a mille abonnés prêts à vous aduler ? A mon avis, on serait tous plus décomplexés si on commençait par se voir à poil avant de se rencontrer, un peu comme ils font à la télé.

Le point positif, c’est que je suivrais la vie de mes collègues, comme ça en plus de les voir huit heures, cinq jours sur sept, je pourrais aussi les voir depuis mon lit, en cuisinant, en me baladant, en décompressant, en fait, on ne se quitterait jamais vraiment. On serait connectés, ah ça oui, totalement. D’ailleurs, plutôt que de raconter mon weekend à mes potes autour d’un café, je ferais un petit post avec deux trois photos qui feraient office de résumé. Hashtag flemme. D’avoir une convers avec plus de 140 mots ! Euh caractères. Mais attention, à la première dispute avec un ami, je peux vous dire que celui-ci serait delete-é, oui totalement blacklisté. Out from Facebook, Snap et Insta, j’officialiserais clairement la fin de notre amitié. Et puis, je retirerais tous les likes que j’aurais précédemment attribué, non mais sérieux faut pas rêver. Quant à mon code de parrainage, ça aussi il pourrait l'oublier.

Niveau break news, je verrais des gens en vacs (toute l’année ?), qui se marient, en sortie, chez mamie, en famille, en jogging, au restau… De l’info, de la vraie, je serais à 100% et de tout informée. Je pense même que les RS feraient de moi quelqu'un de plus instruit, parce qu'avec les fan pages qui pullulent, je me perfectionnerais pas mal, notamment en sport, politique, cuisine et géographie.

Peut-être que je tomberais dans le voyeurisme, que je me comparerais sans cesse à des images filtrées, que je perdrais un peu - ou beaucoup - de ce que j’étais, à force de passer mon temps à contempler sans vivre ma propre journée. Peut-être que j’aurais un sentiment de solitude amplifié. Mais ne serait-ce pas la faute de ma société, qui petit à petit me perdrait entre virtuel et réalité ? En me martelant que l'herbe est plus verte sur la page suggérée, ne finirait-elle pas par me transformer moi aussi en mouton ultra connecté ?

Dans le fond, je ne sais pas de qui je me moquerais le plus, de la vie des autres ou de la mienne ? 

 

Facebook

Le voyage, ce mal de notre époque

Par Le 18/08/2017

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Génération #TravelLover, je vous annonce que le nouvel eldorado ne se trouve plus via Facebook mais par Skyscanner. On ne rêve plus d'un week-end en Normandie mais d'avoir déjà parcouru les 2/3 de l'Asie. D'ailleurs, si ça vous dit, n'oubliez pas de suivre mes excursions dans mon InstaStory.

Alors que mes grands parents travaillaient à la chaîne pour acheter une maison, aujourd'hui je vendrais père et mère pour acheter un billet d'avion. Ce qui ne serait pas raisonnable puisque les lowcost ont ouvert la voie des billets qui n'ont même plus besoin de promotions.

 

Après trois mois chez Decathlon, si vous cherchez mon copain Thomas, bachelier-plus-cinq-années, allez checker sur le dos des éléphants exploités à Koh Chang ou dans une auberge au sud de la Corée. Quand les parents de son meilleur ami, tout juste retraités, peuvent se payer le voyage de leur vie à Punta Cana, leur petit protégé est déjà passé par les States, Manille, Chom Phon, Shangaï et revient tout juste du Brésil chiller deux mois à Biarritz, avant de partir faire son VIE à Barcelona.

A ce sujet, un petit conseil, si vous signez dans une Business School nec plus ultra, pour la licence vous pourrez choisir entre Mexico ou LA, en Master 1, peut-être un petit tour à NYC ou California et pour le M2, no problem vous aurez le choix. Well, si vous n'avez pas quitté votre pays avant 18 ans, vous serez bientôt catégorisé absolutely not aventurier je suis au regret de vous l'annoncer. Eh oui, car si vous n'êtes pas encore partis aujourd'hui, vous avez quasi raté votre vie avec cette pression sociale du Chéri je n'ai pas raté mon Airbus et autres compagnies.

Indeed, vous remarquerez que j'en profite pour glisser quelques mots d'anglais car j'ai ajouté cette compétence sur mon CV après être partie six mois à Dublin, boire de la Guinness du soir au petit déjeuner.

 

Alors qu'avant il fallait se faire pistonner pour trouver un stage à Paris (ok c'est toujours d'actualité), maintenant si t'as pas fait ton stage à l'étranger, ton expérience ne vaut même pas la peine. Civiweb est devenu le Pôle emploi de la sphère urbaine. Plus besoin des sites de plan Q (je me réfère à la lettre), Tinder et autres applis phares sont remplacées par onsenvol.fr ou comment "s'envoyer en l'air" via Air China avec un jeune diplômé, trop déterminé pour commencer à travailler. Pardonnez-le c'est son Erasmus qui l'a mis sur la voie de la vie d'expat et de la recherche de la liberté.

Si vous faites partie de ma génération, vous vous retrouverez à partir en destination lune de miel avec un boyfriend de moins de 2 ans d'ancienneté, que vous aimerez le temps de 3 randonnées et de 8 thés glacés. Quand ce voyageur aura trouvé la paix intérieure à travers le riz cantonnais, il vous dira hasta la vista pour aller mater les Bouddha les plus perchés des temples chinois. Et puis dans une auberge de paresse vous rencontrerez Catherine aka Kataryna, qui se sera baignée dans un volcan avant de partir au Cambodge avec un sac-à-dos et un allemand, aura fumé des joints au Sziget et s'envolera pour aller cracher dans les chutes du Niagara.

Sachez que nous sommes à une ère où les vieux riches américains (et autres nationalités) ne trouvent plus d'endroit désert où se faire masser (on va dire masser) incognitos par des midinet(te)s thaïlandais(es). Les stations balnéaires sont quasi délaissées pour faire un remake à la Pékin Express de "J'irai dormir chez vous", dans des maisons d'hôtes aussi authentiques que les portes-clés Tour Eiffel vendus 3,50€ au Trocadéro.
 

Mon nouveau rêve : trouver un partenaire de voyage photogénique affublé de son sac à dos The North Face (car n'est pas backpacker qui veut) et de sa go pro, m'acheter une bouée Doflamingo et prendre des photos de nous en bikini à Kho Phi Phi, en Colombie, dans un hamac aux Seychelles ou admirant les lacs de Pennsylvanie. Ensuite, nous vendrons nos corps et nos esprits à des agences de voyages, à des petits shops de massage et des résidences de passage, recherchant la travel égérie des temps modernes. Bronzage toute l'année, ne vous inquiétez pas, je n'aurais jamais le teint terne.

Je posterais des photos de moi, moi, moi et le paysage pendant que vous serez coincés dans le RER B hiver comme été. Je ne connaîtrais pas l'hiver, parce que c'est une saison qui n'est pas universelle. Aucun moyen d'hiberner, pour moi ananas, palmiers et cocos à volonté. Mon Instagram serait mille fois plus vendeur que Club qui déjà ?
 

Une seule question ? Qui n'a pas encore pris une année sabbatique pour partir un an en Australie, se baigner dans le lac le plus rose bonbon du continent et high-fiver des kangourous ?
 

Ne mentez pas.

 

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Blog

Quand je serai grande, je deviendrai youtublogueuse (part 2)

Par Le 25/05/2017

Je vous l'ai dit, j'ai toujours rêvé d'être youtublogueuse. Ma vie ce serait racontetalife.com : ce que je mange, où je le mange, là où je vais, là où je ne vais pas, ce que je ne sais pas, ce que je dis, ce que je vis, quand je m'ennuie. Un simple weekend chez tante Alberte deviendrait un must go. Une balade dans les rues de Paris deviendrait aussi prisée qu'un défilé de Cannes. Oui, je ferais le même cinéma.

Vous connaîtriez la marque de mes petites culottes et le nombre de trous dans mes chaussettes, combien de fois par jour je sors mon chien, prends un selfie avec mon chat et si c'est en tongs ou en adicolor. Mon job : prendre des photos de ma vie avec mon smartphone, instagramiser le tout avec un filtre digne d'une retouche Photoshop premier prix, et vous vendre ça en boîte comme si j'avais inventé le minitel.

En vrai j'avoue que j’aurais pas la peau aussi nette, pas la voix aussi sex’ et je marcherais max 10 minutes avec les talons infâmes qui vous feraient baver sur mon latergram. Mais ma vie ce serait de vous vendre un décor et des dessous à vous faire m'idolatrer.

Je posterais des photos cute de mon mec branchouille, réal ou dans la com, la photo, le cinoche, les foodtrucks. Sans barbe parce que c'est so 2016 et so backpacker. Nos petits restau deviendraient des scènes dignes de films Hollywoodiens, tout comme toutes les fois où il snapchaterait notre Deauvillais formule 1.

Ma vie privée serait publique, je ne cacherais pas que je n'ai jamais été pudique, au fond qu'est-ce qu'un sein, une fesse, un percing-là-où-tu-savais-même-pas-que-c’était-possible, quand je verrais mon compte dépasser les 10 000 K (occas’ pour lancer un jeu-concours by the way les loulous).

Je serais partenairisée pour voyager, m'exhiber, tester des produits révolutionnaires et donner un écho à la vitrine de mon existence en plexisuperficialité. Plus besoin du téléachat mes abonnés, votre ménagère aurait rajeuni de 25 ans et serait beaucoup moins vulgos que Nabi qui déjà ?

Mes mignonneries, ma team, mes lapinous, mes bg, oui vous les moches sans personnalité, je vous aimerais mais pas plus que moi-même sinon je n'aurais plus assez d'inspi pour que l'on m'aime.

Comme les 45 millièmes autres influents j'aurais des shoes gratos Adidas, des blush l’Oréal et si je pousse les followers un peu plus loin, peut-être une invit chez Hanouna, dieu suprême de ma génération, avec ses chroniqueurs rigolols.

Chez Ruquier, j'aurais peur de dire une ou deux bêtises, qu'on me parle d'un livre, qui ne soit pas de Marc Lévy, et puis à cette heure-là je serais en soirée de lancement produit coollab.

Imaginez qu’ensuite on me propose une émission de télé réalité, OMG, enfin je pourrais détronner la pionnière Hilton, car non ce n'était pas Kardashian, ou bien être aussi fraîche que Loana quand elle était jeune, mais avec un peu plus d’highlighter.

Allez bisous mes fans.

Questions existentiELLES

Par Le 01/03/2017

Et les femmes

2017. 21e Siècle, Paris, capitale de la France, pays riche, pays développé, pays évolué. Numérique, machines, technologie, RSE, bio, hype. Facebook, Tinder, le métro, Uber, la réalité virtuelle, l’Iphone 8, la pilule, les autoroutes, le cinéma, les lunettes Google. Pays développé, again. Et pourtant. On envoie des hommes sur la lune, mais on a toujours la vision de la petite ménagère de 50 ans, frigide en tablier pour passer le plumeau Monsieur Propre en 3D, pendant que chéri roule en BM et va se taper des péripatéticiennes à la pause café. Non, il faut concéder que cette image a évolué. Maintenant le petit mec d’HEC est casé avec la nénette de Skema, il part faire son VIE parce que c’est exotique, pendant qu’elle part faire son stage ou garder des enfants pour travailler son anglais, italien, hongrois, au choix ou tous en même temps. Tout ça et le reste jusqu’à ce qu’ils fassent un ou deux bambins, achètent une maison en province, qu’elle abandonne son job, essaye de se dékyloser au fil des promenades au parc et que la boucle soit bouclée. Mais au final, pourquoi ?

 

- Pourquoi sur 80 familles de métiers, les femmes sont concentrées à 50% dans seulement 10 secteurs. Par manque de compétences, d’ambition ou parce qu’elles sont trop occupées à lire Closer toute la journée, après s’être faites peloter 2-3 fois dans le métro ?

- Pourquoi les femmes sont peu nombreuses à rejoindre des filières telles que la finance ou la mécanique alors qu’elles ont les mêmes compétences que les hommes, si ce n’est plus ? Ce serait con qu’elles soient en train de passer une commande Zalando au moment de surveiller le cours de la bourse ?

- Pourquoi en Inde, ½  développeur est une femme alors qu’en France « zéro kilos, zéro défauts », zéro QI ? Comme quoi ils ont du mal avec la couche d’ozone mais leur esprit est moins une déchetterie que le nôtre.

- Pourquoi dans l’inconscient collectif, il est encore difficile de faire appel à une femme pour réparer son ordinateur. Des fois que le string Victoria’s Secret soit plus effrayant que la raie du plombier ?

- Pourquoi seulement 7% de femmes à l’Ecole 42 ? Ok on a cassé le réseau d’opérateurs ? Mais maintenant faudrait peut-être casser un peu plus les couilles des mecs, non ?

- Pourquoi plus de femmes que d’hommes dans l’armée de l’air ? Ne nous dites pas que pour s’envoyer en l’air, ils sont moins motivés !

- Pourquoi dans le foot, les femmes gagnent 1 dixième du plus bas salaire touché par les hommes ? Genre les crampons rose ont le même prix que du made in China ? Et puis pourquoi elles n’auraient pas l’argent pour se payer des gigolos comme Ribéry ?

- Pourquoi chez Radio Canada, il y a plus de femmes expertes que d’hommes à l’antenne ? Serait-ce l’aura de la femen Céline Dion ?

- Pourquoi en politique on appelle les femmes par leur prénom ? Avec Ségo on est intimes mais Pénélope demanderait un plus gros salaire s'il en était de même avec Fillon ?

- Pourquoi les politiciennes sont jugées sur leurs vêtements quand les politiciens sont jugés sur leurs comptes en banque ? Ce serait presque plus valorisant qu’on leur trouve des comptes en Suisse, même si c’est pour du shopping.

Si 2% de femmes portent de noms de rues, c’est peut-être parce que leurs prénoms sont trop indécents ? Tout comme être une femme en 2017. C’est indécent de mettre tous les jours des robes ou des pantalons, de faire du 90A ou du 95D, de parler ou de ne rien dire et de parler pour ne rien dire.

Les réponses ne sont pas si compliquées, on censure les femmes, on leur propose du rose parce que le bleu c’est pour les garçons et le jaune pour les cocus. On les incite à faire du fitness parce que le foot pourrait leur casser un ongle. Pourquoi iraient-elles faire de la fonderie alors qu’elles n’ont pas le mental de Simone Veil, pourquoi iraient-elles en finance côtoyer des petits banquiers mysogines même si elles pigent les chiffres autant qu’eux ? Pourquoi, alors que leur mère, leur père, l’oncle de la sœur de la tante du beau-frère, Jouet Club, Airbnb et Trump n’y croient pas ? Bien qu’elles ne manquent ni de QI, ni d’ambition (alors oui certaines ont des lunettes et portent les cheveux longs), elles manquent surtout de soutien, d’information et d'une société avec de l’éducation.

Enfin bref, si on se fait violer, c’est parce qu’on porte des jupes de salopes hein ?

Lol

J'ai testé : l'amour

Par Le 15/12/2016

Il n'était pas spécialement beau, ni charismatique, pas vraiment stylé non plus, rien du stéréotype. Il avait son truc à lui, le truc qu'on ne peut pas définir. Entre la banalité et l'indifférence, ce petit rien qui fait toute la différence. Un petit je-ne-sais-quoi qui ne se remarque pas dès la première fois.

Ça a commencé à une soirée, où j'étais lucide bien qu'alcoolisée: "Toi, moi ? Mais tu rêves mec, même pas dans un conte de fée", et c'est comme ça que je me suis retrouvée arroseur arrosé.

J'ai perdu mon inspiration, j'ai arrêté d'être égoïste, j'en ai fini avec mes lamentations, j'ai découvert ce corps préservé par le Christ.

J'ai commencé à penser à deux, à comprendre ce que signifiait être heureux. Les albums gnangnan et montages Kodak à dix pages, j'ai voulu le beurre avant l'argent et mangé beaucoup de fromage. J'ai plané à dix mille, gravi des montagnes, parcouru des îles avant l'été en Bretagne. Intensément bref, comme épisodique, un rêve d'une année à la fin vraiment tragique. 

Il était un peu comme-ci mais pas trop comme ça, il se fichait de tout et surtout de moi. Comme un mirage dans le désert de mon coeur, il est apparu et reparti, me rendant assurément meilleure. 

Ce jour où j’ai découvert Instagram

Par Le 19/11/2015

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Par un frileux mois de novembre, alors que l’on me bassinait à m’inscrire sur tout réseau social susceptible de dévoiler ma vie, me faire pirater, voler mes données ou être pistée par un dégénéré, je me suis inscrite sans grande conviction sur Instagram.

Je précise que je ne suis pas sponsorisée, mais s’il faut promouvoir sur rémunération, je vous le dis les gars, il y a moyen de s’arranger.

J’ai créé un compte, publié six photos de médiocre qualité puis ai laissé ce futile compte à l’abandon pendant toute une longue année.

Et un matin, une lubie, peut-être une petite péripétie dans ma vie, va savoir mais en tout cas, l’âme « d’artiste » est sortie de son lit. Je me suis reconnectée.

Comme un coup de foudre instantané, éteint après une soirée trop arrosée mais ravivé par les hasards de la vie qu’on ne saurait expliquer, comme un vampire qui sort de son cercueil après des siècles de sommeil et d’inactivité, ou encore la belle au bois dormant qui se réveille après des millénaires passés, trempée par la salive de son valeureux chevalier, je suis revenue parmi les connectés de la génération promotion et autoportrait.

Façon instagrameuse, je me suis mise à publier de manière rigoureuse, et comme il faut s’y attendre, plus l’on publie plus l’on devient addict de la publication.

Je me suis sentie inspirée par tout et n’importe quoi, découvert une passion pour le ciel, les nuages, les villes, les châteaux, la nature, les animaux. Ces choses que j’aimais, parfois sans en prendre conscience, que je regardais et oubliais l’instant d’après, je ne pouvais à partir de ce moment, plus m’empêcher de les capturer, les graver, les partager.

Non loin de m’éloigner de la réalité, cela m’a donné l’impression de davantage savourer, de créer des souvenirs que je pourrais autant de fois que je le voudrais contempler et me remémorer.

Certes, je vis parfois à travers des filtres, bien que je prône le #nofilter, oui je vois la vie en bleu, orange ou noir grisé. Il m’arrive de vivre ma vie par procuration, d’être encore plus utopique qu’à l’ordinaire, d’être fascinée par un coin de rue, une architecture insignifiante pour la plupart, un repas maxi calorique au design parfait.

Parfois je mange froid, je rate ce qu’on me dit, j’échange plus avec mon smartphone qu’avec mon voisin de TGV. Certaines verdures deviennent de l’herbe bleue qui me fait planer, les ciels blancs sont transformés en nuages de lait, les conserves en Warhol pop art made in Cora. Je fige, je glace, je vole des moments de vie qui ne la représentaient qu’un instant avant d’être anéantis. Comme n’importe quel grotesque amateur, munie de mon smartNikon-Huawei-P8lite, je me prends pour le Terry Richardson du tourisme et de l'ordinaire.

Mais en tant qu’usurpatrice de l’image et même si tout cela n’était finalement qu’un mirage, je crée chaque jour à travers le miroir du monde une mosaïque de vie qui représente bien plus qu’une histoire de pixels.

Dans Société

Immersion dans le luxe

Par Le 08/09/2015

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J'arrivai telle une princesse, sortie de la bulle du pays des fées. Talons compensés, proprement peignée, blazer de circonstance. Au top de ma forme, j'avais sorti l'attirail discret qui devait faire de moi la plus classe des étudiantes convenables.
Pour moi, l'acronyme d'une maison de luxe équivalait à une opportunité impossible à refuser.
Mon CV, mes yeux, mes potes, mon passé, tout le monde en prendrait, quoiqu'il arrive, plein la vue.
Impatiente et déterminée, je m'attelai au mieux à être la plus mignonne et accueillante des hôtesses d'accueil.
Moi qui me voyais d'ici quelques jours, semaines, un mois tout au plus, devenir mannequin, rédactrice en chef ou encore conceptrice-redactrice dans le service prestigieux d'une maison prestigieuse, quelle ne fût pas ma surprise lorsque je compris que je ne représentais rien face à tous ces gens de la haute.
Je n'étais qu'une vulgaire hôtesse bac+4, absolument pas fille de, ni blonde aux yeux bleus et encore moins brune sculpturale.
J'étais humaine tout simplement, j'étais normale à la Hollande, sans l'option luxe too much qui fait de vous une espèce reconnue au sein des groupes leader sur le marché, classés dans le top 10 par Forbes tous les ans.
Mon compte en banque ne représentait même pas 1% de leur salaire hebdomadaire.
J'avais un statut assez noble pour me faire draguer par la maintenance ou la sécu mais certainement pas par les bodyguards du PDG et encore moins par le personnel du comité exécutif.
Mais c'était assez drôle. D'observer comment on fait des ronds de jambe à ceux qui ont un costume à 2 000. Ça en chorégraphie, je suis devenue calée. C'était poli de sourire à tout va, rigolo de dire bonjour à des gens qui font comme si personne n'avait parlé. Mes collaborateurs et moi, on jouait souvent au jeu du silence finalement. Face à des collègues qui ont un salaire à 6 chiffres, vous ne pouvez pas dédaigner et encore moins vous plaindre.
C'était intéressant de constater que la richesse représente peu de chose, mais finalement beaucoup. Je veux bien croire que l'argent ne fait pas le bonheur à en voir la tronche que tiraient tous les hommes d'affaires.
Niveau relations humaines, élitisme, séparation des classes, on en apprend beaucoup.
Les gens qu'on voit à la téloche et dans les magazines sont beaucoup moins beaux en vrai je dois dire. (Et beaucoup moins sympathiques).
Bref, pour le piston, on repassera. Mais less is more comme on dit là-bas.

Coeur scellé

Par Le 09/08/2015

Original

Aujourd’hui je vais parler d’un tabou, plus prohibé que le sexe, la drogue, le tabac dont on viendra tous à bout, les pêchés inavoués, les vices cachés, les fourberies et les inepties, bref pour dire comme Kyan Khojandi sans prétendre au succès de Canal+, je parlerai du c é l i b a t.

Le célibat, c’est cool. Mais attention je ne vais pas donner 10, 50 ou 100 bonnes raisons d’être célibataire ni cracher sur le couple. Je ne vais pas dire que les hommes sont des connards (car d’abord je n’ai jamais aimé les pléonasmes) et encore moins que les célibataires sont des personnes aux moeurs légères (ça, ça les regarde).

En clair, je ne prendrai pas officiellement parti, mais officieusement bien sûr j’essaierai de vous endoctriner pour que vous partagiez ma vision des choses.

J’aimerais proclamer haut et fort que non, le célibat n’est pas une tare.

Les femmes ne sont pas toutes des Bridget Jones, ankylosées, déprimées, fulminant sur leur rupture (même si celles-ci représentent 70%).

Il y a aussi des femmes émancipées pour lesquelles les hormones se portent très bien, qui ne sont pas forcément égocentriques ou carriéristes et qui aiment vivre avec elles-mêmes, vivre leur vie tout simplement sans se poser la question de savoir si c’est mieux à deux ou à zéro. Ces femmes qui n’ont pas besoin de former une paire pour penser, exister et s’affirmer, tout en entretenant de bonnes relations avec la gente masculine.

Après l’énième ritournelle : « Et toi, toujours rien ? », « Alors, c’est le désert ? » « Bon faut vraiment que je te présente quelqu’un », « Mais comment tu fais ? », j’aimerais préciser à la manière du réalisateur Philippe Lioret un peu mytho car tout ne va pas bien dans son film et certainement pas Mélanie Laurent un peu trop anorexique (désolée pour le spoil), que je vais bien ne vous en faites pas. Je vais bien de ne pas dîner aux chandelles, de ne pas recevoir de fleurs, de roses, de pétunias et puis de pissenlits pourquoi pas. J’ai des amis, une vie sociale. Je n’ai pas de déclaration énamourée de l’être aimé mais des déclarations grotesques de prétendants à qui céder serait privilégier la quantité plutôt que la qualité.

On peut être célib, solo, seul-tout, uno et voir la vie en rose, savourer l’instant présent, être romantique, poétique, se laisser aller, se pomponner, se préparer, s’entretenir ou se laisser couler, peu importe le statut marital.

Il est possible d'être jovial, créatif, de partager, sans être terré dans une solitude, une amertume, en étant 1. Ni 1+1, ni 1-1, aucune love équation by le 6 12 12 ou la calculette de l’amour, pas le 1 du podium ni le n°1 de la drague mais une personne au singulier, épanouie, qui aime la vie.

Le célibat n’est pas un fardeau, un boulet, un défaut, un syndrome ou un handicap.

A deux c’est mieux ? Peut-être, peut-être pas ? L’essentiel n’est-il pas de pouvoir être soi qu’importe si quelqu’un nous accompagne ou pas ?

Bien sûr, tout ceci pose la question du mariage, du partage, de la descendance. Du cercle vicieux de la société, de nos vies tracées et puis de la condamnation scrupuleusement prémédités. Ces questions importantes traversent l’esprit des femmes les plus affranchies mais ne ternissent pas la paix intérieure que provoque un célibat entretenu, même s'il est temporaire. Car pour aimer l’autre, ne faut-il pas s’aimer soi-même ? Pouvoir se supporter, cohabiter, être conscient de ses attentes pour éviter dépendance démesurée, jalousie, fusion étouffante et autres revers sentimentaux.

Si le couple est une norme et que le célibat illustre la marginalité, excusez toutes ces personnes qui vivent en dehors de la société sans être pour autant de méprisables déchets.

Offre d'emploi

Par Le 14/06/2015

Fond emploi

Je recherche un stagiaire qualifié. Homme, femme, qu’importe, tant que vous prouvez votre disponibilité et votre adaptabilité.

Compétences professionnelles requises : diplômé bac + 5 HEC pour effectuer des tâches à haute responsabilité tels l’archivage de la paperasse et la rédaction de compte-rendu de réunions. Ainsi vous aurez quelque chose à noter sur votre rapport de stage et pourrez compléter les copier-coller qui  présentent la société (3/4 des pages).

Qualités attendues : une personne responsable sur qui l’on rejettera la faute en cas de pépin. Cela vous permettra d’acquérir la notoriété (haute renommée) du stagiaire de BFM TV, modèle suprême de crédibilité.

Modestie et humilité sont de rigueur car vous ne serez jamais complimenté. Au risque de prendre la grosse tête ou de vous sentir trop valorisé et puis cela pourrait développer votre confiance en vous, favoriser votre prise d’autonomie et vous rendre ingérable et compétent.

Rémunération et horaires : vous serez rémunéré à 508 euros maximum histoire que vous puissiez diviser ce haut salaire en passe-Navigo, plats préparés Picard bourrés de colorants et matière organique non identifiée, absolument pas rassasiants faut-il le préciser ?

En ce qui concerne vos heures de travail : de 9h à 19h pour les petites journées car les 7h règlementaires sont moins productives que des demi-journées et ce n’est pas comme ça que vous aurez de l’expérience sur le marché. De plus, vous faire commencer trop tard ou rentrer trop tôt pourrait vous permettre d’avoir une vie sociale ou une vie tout court, ce qui n’a aucune utilité si ce n’est d’éviter le burnout, syndrome exagéré.

Envoyez vos candidatures à exploitation tiret pdg point fdp

La rencontre

Par Le 14/06/2015

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" J'ai rencontré une fille, chérie tu ne peux pas comprendre, elle est fine et maligne. Elle est drôle, elle est chiante, un petit peu entreprenante. Je ne peux plus m'en passer, je ne cesse d'en rêver. Elle m'obsède, elle me hante, un jour sans lui parler et tu le vois je déchante.

Chérie je te quitte, c'était sympa la vie à deux mais le but c'est d'être heureux et non pas que tout cela devienne ennuyeux. Tu n'es pas pour la vie à trois et moi non plus, alors tu vois c'est bien mieux comme ça. J'ignore si elle me lassera tout comme toi, mais sans elle c'est bien clair aujourd'hui je ne peux pas.

Chérie je pars, garde les bijoux, la fortune, je m'en vais vivre d'amour et d'eau fraîche, Je tente une nouvelle fois, mais je dois dire que ce coup-ci, elle m'a vraiment tendu la perche.

Avec toi j'étais bien, avec elle je serai mieux, chérie je ne peux plus te regarder dans les yeux. Lorsque je tente, c'est elle que je vois. C'est cruel, c'est injuste, je n'ai pas choisi, je te l'assure crois-moi. Les femmes sont des diablesses, ce jour où elle m'a souri, pour moi, pour toi, pour nous c'était fini.

J'ai lutté, j'ai tenté, de réfréner le pêché. J'ai perdu, je ne peux plus, la lâcheté m'a vaincu.
Je croyais être amoureux, c'était sans compter LA rencontre. Je pensais exister, je ne faisais que survivre, maintenant je m'en rends compte. J'ai viré fleur bleue, tu me reprochais de ne pas avoir de coeur, de ne pas t'être dévoué. J'en avais un mais tu n'as pas réussi à le faire battre, c'est loupé.

Je ne t'en veux pas, je sais que toi si, mais je te le répète, je n'avais pas prévu que cela se passe ainsi.

Reproche-moi d'être un traître, faible et inconstant, j'accepte tout du moment que tu me laisses me libérer, j'en remetterai à ses douces mains ma captivité.

Hier toi, demain elle, je le jure je ne suis pas maître de ce cercle vicieux éternel."

Veuve noire

Par Le 14/06/2015

Gateaux mariage

Moi aussi je voudrais me marier un jour.

Tout partager avec mon mari, l’espoir, la dépression et puis l’ennui ; La perte de la jeunesse, la sénilité qui accompagne la vieillesse. Je voudrais offrir le temps que je n’aie pas et les conversations futiles pour meubler ou substituer le décor Ikea d’une vie plan-plan plus mortelle que la mort au rat. Partager mes relations, mes intentions, offrir ma liberté, mon intimité, briser les secrets, dévoiler les mystères, jouer les madame Bovary version Mary à tout prix.

Je voudrais être romantique, planter des bouquets de fleurs fanées par l’espoir déchu de l’exclusivité. Je laisserais les stratégies d’Athéna pour les célibattantes féministes, mordantes, déprimantes, déprimées, jalouses et pourtant plus lucides qu’Heidi version bobonne gaga.

J’aimerais offrir mon cœur, comme un sacrifice sur l’autel de la torture, je laisserais mon époux jouer avec et consulterais son agenda pour savoir s’il le briserait en semaine 10 ou 23.

Je jouerais les princesses Disney avec une grotesque robe de mariée, ferais une réception avec 380 perfides invités. J’apprendrais à cuisiner du gigot, à faire les tâches ménagères et me perdrais en jolis mots seulement si bien évidemment, il m’avait fait assez de cadeaux (plus originaux que ceux qu’il offrirait à la maîtresse qui lui donnerait des cours particuliers sur la fidélité).

Je voudrais partager mes sauts d’humeur et apprendre comment afficher un sourire béat, mettre le A d’apprentie dans la vie maritale, passer le code de la route des sentiments, perdre des points sur le respect des règles de la vie à deux, me faire retirer le permis de la bonne conduite dans la relation idyllique puis retenter le coup après un divorce déraisonné et une pension bien négociée.

Telle une poupée russe à la merci d’un apollon gras plein de fast-food-30 de QI-fan d’Ibrahimović, je diminuerais en fonction de la manière dont on me conditionnerait. En tant que Babouchka anéantie par la réalité, inutile de préciser que j’aurais fortement été trahie par tous les jolis contes de fées.

Dans Société

Marginalité 3D

Par Le 11/06/2015

Un peu plus tôt ce matin, j’ai croisé une femme singulière en allant travailler. Depuis, je n’ai cessé de ressasser ce souvenir gênant et assez troublant qui contraste avec ma petite vie aisée, toute propre et très ordonnée. Aussi je me suis interrogée sur l’origine de cette histoire qui d’une manière générale rendait cette femme totalement à part.

Elle avait l’air différente. Son regard, comme tant d’autres me direz-vous, était, semble-t-il, perdu. Perdu et pourtant saisissant, bien qu’en elle je ne pus déceler aucun sentiment. Elle transportait avec elle la résignation et dans un immense bagage, une incommensurable part de désespoir. Retranchée dans cette longue allée, son ombre la plongeait au plus près de la réalité et en même temps elle n’était que mystère et distance face à tous les passants pressés.

Je me suis demandée d’où elle venait et où elle espérait aller. Si elle avait pu être comblée par le passé ou si au contraire elle avait passé la majeure partie de sa vie à pleurer. Je me suis interrogée sur ce qu’elle pouvait bien contempler à travers ses yeux qui n’exprimaient rien et à qui ou à quoi ses pensées étaient-elles destinées ? Croyait-elle qu’on l’avait oubliée, n’avait-elle plus personne à qui parler ? Qui était donc là pour se soucier ? Avait-elle des rêves et des espoirs ? Un compte Instagram pour raconter quelques histoires ?

Cette femme ne respectait en rien les standards de la beauté, elle ne faisait pas une taille 0 et son style était outrancier. Les vêtements qu’elle portait n’étaient pas assortis, peut-être même pas repassés, tout en elle avait l’air éparpillé. Ses cheveux ébouriffés n’étaient absolument pas soignés et ses ongles vraiment loin d’être manucurés. 

Peut-être cette pose que j’avais capturé avec mes yeux indiscrets, de façon instantanée, résumait-elle sa vie ou du moins la représentait-elle telle qu’elle était aujourd’hui ? J’étais insolente et culottée de prendre la liberté d’imaginer tant de choses d’une femme que je n’avais croisée que furtivement et de qui je ne connaissais strictement rien. Mais étais-je vraiment dans le faux ou très proche de la réalité ?

Probablement que c’était une femme marginale, aucunement inscrite sur Twitter, une femme sans prétention mais qui possède le luxe de ne pas courir après les followers. Son style laissait présager qu’elle n’avait ni smartphone, ni connexion 4G. Comment pouvait-elle se permettre de vivre en dehors de la société ? D’où pouvait bien venir cet étrange personnage qui ne semblait pas avoir d’identité online, d’existence virale, fictive et même réelle. Si j’activais le wifi, pour sûr que je ne retrouverai ni son profil ni son existence dématérialisés, mais même dans un annuaire, je n’étais pas sûre de pouvoir l’identifier. Elle n’était pas comme nous, elle ne prenait pas d’autoportrait, ni même la peine de promouvoir un égocentrisme démesuré. Où était donc son espace 3D, son petit havre de paix customisé ?

Si elle était à part c’est bien parce qu’elle n’avait ni toit, ni intimité.

J’imagine que la plupart des internautes n’aurait pas mis de j’aime à ce que j’avais pu voir ce matin-là. Peut-être tout au plus une opération de crowfunding, un financement participatif pour se donner bonne conscience ?

Cette femme était une projection de la société, cruelle et sans pitié, qui laisse les gens exister sans avoir de vie connectée, dans l’impossibilité d’être reliés à un quelconque opérateur empreint de compassion ou de générosité. Ne pas posséder de connexion en 2015 ce n’est pas envisageable, c’est inimaginable. Et qu’en est-il de ne pas posséder de connexion vitale, à savoir un toit où se brancher ? Pour recharger les batteries d’un corps exténué. Plus que la connexion, cette femme avait perdu le cadre, le port USB du partage et l’échange.

Elle aurait pu être moi dans 30 ans, une mère, une sœur ou une cousine que je n’aurais jamais connu. Je ne sais ce qui l’avait poussée à croiser mon chemin, si elle avait commis le crime ou connu la malchance en accomplissant son destin. Néanmoins, cette vision d’une femme à la rue avait quelque chose de douloureux et de scandaleux qui provoquait colère et désarroi en moi. Sans que toutefois je ne changeai l’espace d’un instant ma trajectoire d’égoïste, de lâche dépossédée, reflet d’une société bien trop individualisée, qui laisse les femmes dormir toutes habillées dans des arrêts de bus glauques et abandonnés.

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Drague du tur-fu

Par Le 10/06/2015

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Aujourd’hui j’ai croisé dans la rue, un jeune homme propre sur lui qui m’a proposé un ciné. Devant tant de galanterie je n’ai pu qu’accepter et nous avons fini devant un film de Woody Allen, dont je ne saurais me remémorer le titre. 

Pour continuer dans cette agréable lancée, nous sommes allés boire un thé. Il m’a parlé de sa vie, de ses envies et de son activité. Très à l’écoute, empathique et curieux sans être indiscret, il m’a questionnée sur mes passe-temps, mon métier et mes futurs projets. Prévenant et délicat, il m’a fourni de nombreux conseils, a amplifié peu à peu mon assurance, ma confiance en moi et même en lui. Nous n’avons pas fini la journée dans son lit mais dans un parc jusqu’à la tombée de la nuit.

J’avais confiance en cet inconnu et j’aurais pu le suivre n’importe où. C’est pourquoi, je l’ai revu le lendemain avec le même entrain, me disant qu’après tout c’était le destin. Il était attentionné, drôle et cultivé. Jamais une vanne déplacée, toujours un mot gentil sans être trop effacé. Il m’a offert un joli présent, une chose que je ne pourrais décrire sans l’amoindrir. Une preuve d’amitié, décernée sans arrière-pensée. Il était aimable et beaucoup moins ennuyeux qu’un vil preux chevalier. En sa compagnie, j’avais envie de refaire le monde et de me perdre dans des questions existentielles. Le temps passait chaque fois trop vite et le bleu azur s’évaporait à mesure que s’assombrissait le ciel. Il ne m’a pas demandé mon numéro, si j’avais un compte Tinder ou s’il y avait quelqu’un dans mon cœur. Encore moins si j’étais célibataire, mariée ou prête à tromper. Jamais il ne m’a dit que j’étais agressive, laide ou sans intérêt. Dans ses yeux je me sentais femme abordée avec considération et grand respect.

Flash-back.

Hier dans la rue, j’ai rencontré un homme grossier et d’une intelligence qu’on ne pouvait déceler. Il était incohérent, impatient, imbu de sa personne et avait faim de chair fraîche comme un félin en chasse. Me reluquant de haut en bas, il a tout de suite voulu remédier à mon célibat. Comprenant que j’étais réticente et importunée par tant d’agressivité, il m’a dénigrée puis insultée avant de me suivre sans cesser de marmonner. Heurté par la brutalité de cet inconnu, mon esprit s'est mis à divaguerla courtoisie était-elle à jamais perdue, ne restait-il que répugnante consommation et harcèlement de rue ?

Je l’ai semé puis suis rentrée, me demandant si le gentleman était bien un mythe ou une réalité.

« Quand je serai grande, je deviendrai youtublogueuse »

Par Le 08/06/2015

J’ai toujours rêvé d’être blogueuse mode, et mieux encore : blogueuse-tutoriels-coupes-stylées-maquillage-pro-faux-naturel-sans-organisme-modifié.

Je me maquillerais devant la webosphère et le monde m’observerait, armée de mon pinceau pour les yeux, affiner mon nez et cacher mes rides grâce au fabuleux make-up Yves Rocher.

Je deviendrais ce que je n’ai jamais été : une maquilleuse professionnelle sans formation, avec de l'expérience dans l'apparence grâce au parcours semé d'embûches de la puberté.  J’aurais eu l’adolescence pour faire tous les fashion faux pas possibles et ma rédemption serait une réincarnation en coach, à la crédibilité attestée par la correction de toutes les erreurs du passé. Une styliste autoproclamée racontant son quotidien devant des femmes fragiles en manque de personnalité.

Je leur expliquerais comment paraître naturelle avec une crème qui embellit le teint, quelle poudre miracle appliquer pour faire semblant d’être démaquillée, comment avoir les pommettes rosées sans forcément être bourrée, le secret des sourcils authentiques (épilés et soigneusement dessinés) et puis pourquoi la pierre d’Alun a miraculeusement sauvé mes seins.

A toutes ces ignorantes, je conterais depuis combien de mois je ne m’épile plus, pourquoi le dentifrice est devenu mon pire ennemi et comment fabriquer son shampooing bio et sain à l’huile de brocolis.

J’aurais des fans, des groupies, des abonnées. Puis j’écrirais un livre : L’imitation comme secret de beauté, enfin je veux dire : Être heureuse et s’assumer en trouvant soi-même les clés du succès. Je serais le Pulitzer ou le best seller du vernis alors qu’à l’origine je ne faisais que filmer ma vie pour tuer l’ennui.

Je prendrais mon quotidien en photo et le rendrait extra-ordinaire, mes courses au supermarché deviendraient une routine beauté, le must-have de toute fashionista invétérée. J’augmenterais de tous produits la désirabilité, montrerais comment affirmer son humilité en postant des photos Berthillon et Ladurée, porterais robes sans cavalier Roberto Cavalli et ballerines Repetto tout en répétant que dans la vie « l’essentiel est la simplicité ». Evidemment, je serais, quel que soit le temps, manucurée, quand bien même ce serait pour faire un jogging au parc du Prieuré.

Mes imperfections deviendraient la base de l’hygiène beauté et ma modeste personne serait flattée chaque jour de façon exagérée.

La surexposition serait ma came, du lever au coucher je dévoilerais tout à travers ma webcam. Je créerais la dictature du bien « être », du comment se comporter en société (talons de 13 centimètres exigés), dirigerait la communauté des filles stylées, qui m’aimerait suivrait les 10 commandements de la superficialité.

Je serais la reine du podcast et Youtube serait ma télé-réalité : mes confessions intimes telles des paroles saintes sur la toile et aux yeux de tous, à jamais dévoilées.

Ma vie serait rythmée par le play des internautes, les commentaires seraient des lettres d’amour de prétendantes transies, rêvant toutes et suppliant de devenir mes amies.

Je deviendrais plus cool que la reine du lycée, qui m’aurait des années plus tôt, évincée. Fini la ringardise et les soirées télé, les boîtes qui m’auraient recalées viendraient me supplier et la popularité ferait de moi la star que les cieux avaient prédéstiné.

Je vendrais mes conseils mode pour un cachet L’Oréal à cinq chiffres, scrupuleusement négocié. La spontanéité de mes débuts qui aurait fait mon succès n'existerait plus. Elle serait vendue aux marques qui me dicteraient quoi raconter dans des vidéos HD, caméra prêtée pour le tournage et validation du montage.

Je lancerais des jeux-concours pour doper la notoriété des marques futiles dont la pérennité reposerait uniquement sur mon style. J’aurais des produits gratos et des échantillons à n’en plus finir, des gadgets désuets ne demandant que mon humble avis pour être vendus ou, d’un claquement de doigts, anéantis.

M’essayer ce serait m’adopter, je deviendrais une marque humaine à part entière, un produit qui n’est pas à vendre, acheté de toutes parts. La reine du numérique, corrompue et auto-entrepreneuse, implorant pour un commentaire flatteur ou une requête en plus sur Twitter. A moins de 35 056 981 likes je ne posterais pas de nouvelle vidéo, tant pis pour la recette du cheveu qui brille grâce à l’huile de jojoba saupoudrée de vanille.

Imaginez mon pouvoir, mon importance, un empire bâti grâce à mon génie et ma photogénie. L’ironie du sort : l’infortune d’une fille aux préoccupations qui n’intéressaient personne changée en idole des foules, captivante, à la prospère fortune.

Pas de revers, seulement une médaille, que dans ma vie d’avant je n’aurais pu gagner et qui pourtant aujourd’hui, se trouverait délicatement posée sur mon clavier.

Maquillage russe avant apres 03

Selfie, marry me

Par Le 14/05/2015

Selfie, tu répondais au nom d’autoportrait, les gens du coin ne cessaient de te déformer et le néologisme a fini par l’emporter. C’est à cause de toi que je ne sais plus sur quel profil poser.

Selfie, selfie, dis-moi qui est la plus belle ? Que dans ton reflet à jamais je demeure immortelle. Promenons-nous dans le smartphone, le créateur de la virtualité aux multiples et complaisants pêchés. Pendant que le code n’y est pas, admirez dont le plus intelligent de mes jolis airs béats.

Selfie selfie, capture-moi, qui suis la plus belle. Etait-ce bien toi qui d’Icare as brûlé les ailes ? Narcisse s’est-il noyé en tombant dans les limbes du monde digitalisé ? Es-tu celui qui as donné un sens aux journées des plus insignifiantes personnalités ?

Selfie, selfie, éclaire mon teint diaphane et rends-moi photogéniquement sculpturale. Si tes filtres me le permettent, je retoucherais mon air de lendemain de fête, pour faire chavirer mes amants virtuellement trop bêtes.

Selfie, selfie, laisse-moi exprimer, laisse-moi m’exposer, démontrer que l’esprit ne saurait primer, que la société est plus belle en images, fais-moi apparaître tel un mirage et disparaître dans le plus gaussien des sillages. Braver la nudité et tourner en Aphrodite connectée les clichés les plus nus parmi ceux des plus habillées.

Laisse-moi défier Morphée en me jetant dans les bras de l’internaute affûté, prouver au monde que les mots sont de trop et les visuels dix fois plus impactants qu’un simple phrasé. Laisse-moi redéfinir l’esthétisme, acquérir la célébrité instantanée, me faire aduler, vénérer, dès lors que je programme le filtre des défauts supprimés.

Selfie selfie, es-tu là ? Sans toi je n’ai plus d’existence virale, plus de réputation online gravée dans les annales. Peu m’importe si tu me blesses, si on te vole, tant que les j’aime inonderont mes matinées.

Selfie, si je devais choisir entre toi et l’esprit, je n’hésiterai pas une seule seconde. Dans une société aussi immonde, l’artifice est ce que j’ai de plus cher au monde. Mon esprit est à vendre pour une poignée de follows gagnés. Je veux être image, intemporalité, beauté aux différents clichés.

Les chimères d’Homère et le temps perdu, je les réinventerai, je les retrouverai à travers les codes de la modernité. De Vénus à Cruella, laisse-moi être la nouvelle Nabilla.

Selfie, laisse-moi me découvrir, promouvoir mon corps sain, oscillant entre l’ado ingénue et puis la putain. Devenir pirate, ou reine des mers, qu’importe si l’on me hack pour toi je n’ai aucun mystère.

Ne me traite pas d’égocentrique alors que je suis une muse, laisse-moi jouer le rôle du modèle numérique puisque je te dis que je m’amuse. Ne romps pas notre accord de confidentialité. Notre clause de mon existence dans la plus numérique de toutes ces sociétés. D’Insterdam à Twitturquie, je naviguerais dans les joies de la perfide photographie.

Mes clichés n’auront aucun égal, mon compte n’aura jamais d’égo. Qu’importe si tu me traites de génération 2.0.

Selfie

La satire marketing des objets con.etc

Par Le 11/05/2015

Connectez-vous, connectez-vous, abrutissez-vous ! Dans l'ère de l'intelligence programmée, vous n'en deviendrez que davantage smart ! Faites vous assister pour dessiner ce à quoi nous assistons. Le 3.0 c'était hier, si vous êtes dépassés, vous finirez en enfer. Avec R2D2 qui y brûle depuis qu'il est devenu aussi obsolète que la 3G.

Objets concoctés, objets concordants, ils vous mesurent, vous pèsent, évaluent votre respiration, votre transpiration et votre taux de particules dans le sang. Porteur de VIH ? Risque cardiaque trop élevé ? Passez sous l'oeil du big brother 4.0, le Dieu du big data, qui vous révèlera si vous êtes une grosse loque, un individu nauséabond, une brune un peu trop blonde, une femme enceinte un peu trop enceinte ou un hipster pas assez branché.

Faites des marches, faites des pas, de géant pour l'humanité. Faites un geste, tendez la main, et votre ligne de vie n'aura plus aucun secret, plus de trace de vieillesse, ni d'obsolescence.

Vous êtes nul au lit, vous ronflez en dormant ? Entraînez vous avec un bracelet Pornhub pour durer plus longtemps. Vous ne savez pas cuisiner ? Chaque fois vous faites tout carboniser ? Branchez Maïté sur l'écran de votre évier et devenez le beauf gastronome qui sommeillait discrètement en vous jusqu'à l'apparition du révélateur de talent programmé.

Branchez votre cervelle, augmentez votre QI, espionnez votre voisin avec un drone invisible et malin. Quittez votre imagination et remplacez là par votre Ipad, avec ça plus de problèmes de batterie, de blague foireuse ou de manque d'amis.

Révélez-vous, connectez-vous. Devenez objet et retranchez-vous sur le petit nuage. Le cloud de la vitesse, le cloud de la finesse, qui finira peut-être par vous perdre, à force de vitesse, créatrice d'un surplus d'ivresse.

Obj co

 

Société émoti-conne

Par Le 11/05/2015

Au risque de passer pour une vieille réac, la société de l'émôticone, je n'y adhère que moyennement. Oui, clairement, ça m'embête de ponctuer une phrase par un sourire alors que tout ce que je voulais c'était y mettre un point. Et entre nous, ne faites pas comme s'il n'y avait pas 500 interprétations possibles pour un smiley sourire : l'amour, l'hypocrisie, l'ennui, l'ironie, la fourberie, la perversion, la moquerie, le machiavélisme (tendance parano vous dites ?), la blague, la joie. Bref, ça fait déjà 10. Pour un simple message avec 30 significations possibles, on se retrouve avec le double d'interprétations, le triple d'ambiguité et le quadruple de confusion. Si, si.

Les smileys à gogo c'est la permission de sourire tout le temps ? Adieu la mauvaise humeur, le lunatisme, les plaintes et les coups de gueule ambulants ? Comment voulez-vous que la mode et les défilés ne fassent pas banqueroute ? ( Et même les français tiens.)

Le smiley, c'est la déshumanisation. Perso, je ne me suis jamais identifiée à ce BN puéril découpé en rondelles. Et puis c'est la régression. Franchement vos parents ou votre patron de 50 ans et plus qui vous en glissent un par-ci par-là ne perdent-ils pas en crédibilité ? Vous visualisez votre conjoint en colère vous mettre un smiley énervé ? Votre ex-petite copine larguée sauvagement perdre la once de dignité qui lui reste (si tant est qu'elle en ait eu une) pour vous envoyer un bonhomme triste ou pire encore, un broken heart ?

Et ces pauvres enfants dont les mains ont été amputées et rafistolées avec des tablettes, ces pauvres chatons qui n'ont jamais perçu la différence entre les verbes être et aîtres, ces bouts de chous qui ne peuvent pas aligner trois mots sans qu'on les pense atteints de dyslexie, vous les imaginez jouer au rébus toute la journée et faire des fautes de smileys ? Oui car :( ne s'écrit pas pareil que :'( et non ce n'est pas la même conjugaison. Puis bien sûr qu'il y a des irréguliers. M'enfin, dans quelle langue suce-t-on ?

Les smileys, c'est la fin d'un monde, le monde des visages, de l'exposition et du corps humain, adieu les duck faces et les selfies poitrine. Salut Kim Kardachiante, bonjour bonhomme Michelin (quelle déception quant au placement du silicone et à la proportion des formes :( )

C'est aussi le Smiley coeur, l'amour avec un grand A affiché partout et pour tout le monde. Pour le chien, la voisine, mamie alsacienne, la maîtresse de CE2, B2OBA, la-connasse-que-tu-peux-pas-blairer-mais-avec-qui-t'es-coincé(e). Impossible de déferler sa haine, d'avouer publiquement aux gens que non tu ne les aimes pas et que oui tu les méprises profondément. Pays de bisounours 3.0 nous voilà.

Bref, salut :)

Smilye

L'amour inoubliable, l'amour inoublié : l'ex aimé(e)

Par Le 11/05/2015

C'est cette personne que vous avez dans la peau. Malgré les jours et les années, les relations et les ex par milliers, malgré le nombre de rencontres annuelles, la débauche, la concentration et les coups de foudre instantanés, cet "amour" vécu, rêvé et bien terminé vous tenaille encore les entrailles.

Vous avez tendance à l'idolâtrer. Comme pour le culte du passé et son c'était mieux avant, pour vous il y aura toujours ce c'était mieux pendant.

Durant vos grandes crises de larmes et vos plus beaux moments de joie, incessamment vous vous posez la question "qu'aurait-il/elle dit à ce moment là ?"

Comme un(e) amoureu(x)se transi(e) vous savez que vous avez perdu toute rationnalité, que vous êtes proche de l'ado en crise existentielle qui cherche à aimer tout ce qu'il a sous les yeux qui pourrait lui procurer le sentiment d'exister. Au point où vous en êtes vous n'êtes plus seulement parano mais carrément utopiste.

Vous vous forcez à penser que cette histoire aurait pu/dû durer, que c'est une histoire inoubliable. Vous revivez les moments passés ensemble avec plus d'intensité que lorsque vous les avez réellement vécus. Vous comparez la personne qui partage votre vie à cette convoitise déraisonnée et trouvez mille qualités à l'ex adoré(e).

Une ancienne dispute devient une broutille d'enfantillage, une tromperie : un égarement de jeunesse, une maltraitance : c'était votre faute de toute façon vous l'aviez provoqué(e).

En réalité, si cette personne ne partage plus votre vie, c'est parce que vous avez fait un choix. Et probablement le bon. Que vous le regrettiez ou non, quelque chose ou quelqu'un vous a poussé à le faire pour une raison fondée. Si vous vous êtes fait largué(e), je n'ai en réalité plus d'arguments.

Je plaisante. Si vous avez été quitté(e) c'est encore mieux, cela signifie que cette personne était injuste, qu'elle ne vous aimait pas ou avait une raison plus forte que l'amour pour mettre un terme à votre relation (ce qui la classe automatiquement dans la catégorie des mauvaises personnes).

L'être rêvé est bien souvent comme le fameux prince charmant/ou la bonnasse intelligente à gros seins : ils n'existent pas. Ou bien c'est un être qui ne possède pas toutes les qualités pour que vos deux coeurs et corps soient en osmose. A cause de lui votre coeur saigne et n'est absolument pas épanoui, vous avez un regret, une frustration qui dans la plupart des cas ne sera jamais comblée. Est-ce être digne d'amour de faire souffrir un petit coeur d'humain en gélatine toute molle ? Non.

En attendant c'est toujours sympa de se voiler la face.

Et puis finalement, n'éprouveriez-vous pas les symptômes du fantasme ?

L homme ideal