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Ce jour où j’ai découvert Instagram

ingrid_writings Par Le 19/11/2015

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Par un frileux mois de novembre, alors que l’on me bassinait à m’inscrire sur tout réseau social susceptible de dévoiler ma vie, me faire pirater, voler mes données ou être pistée par un dégénéré, je me suis inscrite sans grande conviction sur Instagram.

Je précise que je ne suis pas sponsorisée, mais s’il faut promouvoir sur rémunération, je vous le dis les gars, il y a moyen de s’arranger.

J’ai créé un compte, publié six photos de médiocre qualité puis ai laissé ce futile compte à l’abandon pendant toute une longue année.

Et un matin, une lubie, peut-être une petite péripétie dans ma vie, va savoir mais en tout cas, l’âme « d’artiste » est sortie de son lit. Je me suis reconnectée.

Comme un coup de foudre instantané, éteint après une soirée trop arrosée mais ravivé par les hasards de la vie qu’on ne saurait expliquer, comme un vampire qui sort de son cercueil après des siècles de sommeil et d’inactivité, ou encore la belle au bois dormant qui se réveille après des millénaires passés, trempée par la salive de son valeureux chevalier, je suis revenue parmi les connectés de la génération promotion et autoportrait.

Façon instagrameuse, je me suis mise à publier de manière rigoureuse, et comme il faut s’y attendre, plus l’on publie plus l’on devient addict de la publication.

Je me suis sentie inspirée par tout et n’importe quoi, découvert une passion pour le ciel, les nuages, les villes, les châteaux, la nature, les animaux. Ces choses que j’aimais, parfois sans en prendre conscience, que je regardais et oubliais l’instant d’après, je ne pouvais à partir de ce moment, plus m’empêcher de les capturer, les graver, les partager.

Non loin de m’éloigner de la réalité, cela m’a donné l’impression de davantage savourer, de créer des souvenirs que je pourrais autant de fois que je le voudrais contempler et me remémorer.

Certes, je vis parfois à travers des filtres, bien que je prône le #nofilter, oui je vois la vie en bleu, orange ou noir grisé. Il m’arrive de vivre ma vie par procuration, d’être encore plus utopique qu’à l’ordinaire, d’être fascinée par un coin de rue, une architecture insignifiante pour la plupart, un repas maxi calorique au design parfait.

Parfois je mange froid, je rate ce qu’on me dit, j’échange plus avec mon smartphone qu’avec mon voisin de TGV. Certaines verdures deviennent de l’herbe bleue qui me fait planer, les ciels blancs sont transformés en nuages de lait, les conserves en Warhol pop art made in Cora. Je fige, je glace, je vole des moments de vie qui ne la représentaient qu’un instant avant d’être anéantis. Comme n’importe quel grotesque amateur, munie de mon smartNikon-Huawei-P8lite, je me prends pour le Terry Richardson du tourisme et de l'ordinaire.

Mais en tant qu’usurpatrice de l’image et même si tout cela n’était finalement qu’un mirage, je crée chaque jour à travers le miroir du monde une mosaïque de vie qui représente bien plus qu’une histoire de pixels.